Au nord de Kinchū, une longue bande de terre brisée rompt la monotonie rurale des environs. La Ceinture de Tsure semble à première vue n’être qu’une vaste étendue abandonnée, marquée par des broussailles, de rares talus et des champs en jachère. Mais pour qui connaît l’histoire, chaque aspérité du sol est un rappel d’un passé d’une extrême violence. Cette zone fut jadis le théâtre des ultimes affrontements entre l’armée impériale et les shinobi cannibales du Nord, aujourd’hui disparus mais jadis redoutés pour leurs rites inhumains et leur résistance fanatique.
Les cicatrices du conflit sont encore visibles : tranchées effondrées, cratères de projectiles, restes de fortifications, et fragments d’armes ou d’armures rouillés. À la saison des pluies, le sol remonte parfois à la surface des ossements blanchis, des lames brisées ou des talismans souillés.
De nos jours, la Ceinture de Tsure est devenue un terrain d'entraînement militaire officiel, fermé au public. Les forces du Tennō y mènent des exercices réguliers, allant de simples parcours d'obstacles à des simulations de combat grandeur nature. Le paysage est désormais balisé par des tentes kaki, des miradors temporaires, et des zones balistiques interdites. Les généraux aiment à dire que « cette terre a déjà tout vu — elle ne ment jamais ».
Les villages en périphérie vivent sous une tension diffuse : fierté d’être proches du cœur militaire de Kinchū, mais aussi peur silencieuse des disparitions inexpliquées. Quelques jeunes, en quête d’un avenir, se portent volontaires pour aider sur place comme aides de camp ou mécaniciens. Mais certains ne reviennent jamais, et leurs noms ne figurent dans aucun registre officiel.
On raconte encore, dans certaines chaumières, que les chants de guerre des anciens shinobi du Nord résonnent parfois entre les collines, portés par le vent — comme une malédiction qui refuserait de mourir.