Crépuscule sur les rails


Le Cœur - Région de Kinchū, Gare de Kinchū

Année 8 | Printemps

II. Sauvetage de Miyuka
Alors que le soleil décline inexorablement, les forces de la rébellion s'apprêtent à sortir de l'ombre afin de faire diversion...

Une heure avant l'arrivée du train, à quelques kilomètres de la capitale :

Dialogue de personnage
« Le plan est simple. Le gros de nos forces chargera la première ligne et prendra le contrôle du convoi. Je compte sur vous pour faire un maximum de tapage pour que les chiens de l'Empire se rameutent illico. Plus on en rameutera, plus les autres pourront faire leur job en ville ! »


Leur jetant un rapide coup d'œil à chacun, j'avais bien conscience que cette mission représentait un risque énorme. On pouvait presque parler de mission suicide! L'Empire ne tarderait pas à répondre en nombre. Une fois les renforts ennemis arrivés, nous nous engagerions dans un combat d'usure difficilement gagnable. Je m'attardai quelques secondes de plus en direction du second chef de cette mission.

Dialogue de personnage
« Tu prendras la tête de ce groupe, je me chargerai de lancer le signal de l'attaque. »


Dialogue de personnage
« Un petit groupe restera également en retrait pour guetter et surveiller l'évolution de la bataille. Vous serez chargés de sonner la retraite et d'aider ceux qui en auront besoin. »


Au présent :

Le soleil déclinait dans le ciel, teintant l'horizon de rouge, alors que le train avançait à vive allure en direction de la capitale. D'après les informateurs de la rébellion, la bête de métal avait avant tout un rôle militaire. Sans doute transportait-elle du matériel ou des soldats. À vrai dire, je n'en avais cure. Cette attaque, c'était l'occasion de rappeler à l'Empire que nous existions, et qu'il ne pouvait pas simplement nous ignorer comme de la poussière sous le tapis. La tension montait, chaque seconde d'attente semblant étirer le temps.

Les différents groupes étaient en place alors que j'avais trouvé une cachette à proximité des rails. Je guettais le bruit et les vibrations que l'animal de métal produirait à son approche. Je ne m'intéressais plus à grand-chose d'autre. J'étais, pour tout dire, même impatient de me confronter à l'ennemi.

Alors que les vibrations se faisaient entendre, je composai les quelques mudras nécessaires à ma technique. Lorsque ma peau entra en contact avec le sol, les roches sous les rails commencèrent à vibrer. Un rocher allait surgir sous la locomotive de tête. Il était temps.

Il y a 2 semaines

Kako No Uta

Le train surgit dans un grondement sourd, crachant sa fumée noire contre le ciel rouge du crépuscule. Sur les rails, sa masse imposante avançait à toute allure, dévorant les derniers kilomètres qui le séparaient de la capitale. Blindé, étincelant sous la lumière oblique, il portait dans ses entrailles la promesse de guerre : matériel militaire, soldats en armes, et l’arrogance tranquille de l’Empire.

Le sol vibra plus fort à mesure que la locomotive approchait. Puis, brusquement, une secousse anormale fendit le rythme régulier du convoi. Sous la tête du train, les pierres se soulevèrent, puis explosèrent. Un rocher jaillit à la verticale, heurtant la machine avec une force brute. Le choc projeta la locomotive hors des rails dans un hurlement métallique. Des gerbes d’étincelles jaillirent dans toutes les directions, tandis que les wagons suivants s’écrasaient les uns contre les autres dans un chaos de ferraille et de feu.

La fumée couvrit brièvement le champ de bataille naissant. Parmi les carcasses disloquées, le silence ne dura qu’un instant. Déchiré par le crissement du métal encore chaud, il laissa place à l'agitation désordonnée des survivants.

Des silhouettes titubantes émergèrent des wagons renversés. La plupart couverts de poussière, certains en sang, d'autres hagards, mais encore debout. Les soldats de l’Empire – du moins ceux que l’explosion n’avait pas fauchés sur le coup, tentaient de reprendre leurs repères. Quelques-uns s’extrayaient en rampant des flancs éventrés de leurs compartiments, tandis que d'autres brisaient à coups d’épaule les portes déformées pour sortir.

Les ordres fusaient déjà, étouffés par la panique. Des armes étaient levées à la hâte, des lignes se formaient tant bien que mal, cherchant instinctivement une défense. Le choc n’avait pas suffi à les anéantir complètement. L’entraînement impérial, même surpris, ne faiblissait pas aussi facilement. Ils étaient peu nombreux. Désorganisés. Mais prêts à vendre chèrement leur survie.

Il y a 2 semaines


Un bref frisson me parcourut, non pas de peur, mais d’adrénaline. Le piège avait fonctionné. Pourtant, ma satisfaction fut vite étouffée. La journée touchait à son terme, mais pour nous, les grincements métalliques du train étaient le signal du commencement. Il était temps de frapper.

L’animal de métal gisait, agonisant, au sol. De ses entrailles ne tardèrent pas à jaillir les chiens de l’Empire. Je n’avais pas de rancune particulière contre eux, mais l’Empire avait fait de nous des parias, nous arrachant notre place dans ce monde. Nous comptions bien la reprendre. Notre groupe n’avait pas l’avantage du nombre, mais le chaos ambiant et les blessés potentiels nous donnaient un atout. Nous devions frapper vite et fort. Avec un peu de chance, nous aurions même le temps de saisir certains biens de l’Empire avant l’arrivée des renforts.

Le nuage de poussière provoqué par l’accident commençait à retomber, alors que le reste des forces rebelles devait se lancer à l’assaut mené par le Kitto. Je l’espérais, en tout cas, car je m’élançais à l’encontre des ombres qui se rassemblaient. Lançant une première salve d’étoiles métalliques, je plongeai dans la mêlée. M'armant d'un Kunai afin d'économisé ma précieuse énergie spirituelle.

Alors que le ciel se teintait de rouge, le sol ne tarderait pas à se teinter de sang.

Il y a 2 semaines


A l'abri des regards, le groupe d'assaut se tenait prêt tandis que je me retrouvais à sa tête. Silencieux, immobiles, chacun fixait cette voie de chemin de fer, attendant que le calme du crépuscule ne se transforme en un véritable chaos. Certains semblaient apréhender cet assaut, priant pour son succès et leur propre survie. Pour ma part, tout ce qui comptais désormais, c'était la déroute de ce train et le succès de Kimino et Ichihime. Mon esprit était vide, ma concentration totale et seul un léger frisson me parcouru l'échine à l'approche du train. Ce genre d'opération coordonnée me rappelais brièvement l'époque de Konoha, bien que les raisons ne soient pas des plus nobles.

Soudain, le signal tant attendu fit son apparition. Après un lourd fracas et de nombreux cris de détresse et de douleur, il était temps d'agir.

Dialogue de personnage
« Maintenant ! Vous savez ce qu'il vous reste à faire ! »

Tandis que le gros des forces chargerait avec moi, une petite garnison avait pour ordre de rester en retrait, surveillant nos arrières et couvrant notre fuite future.

Naturellement, c'est en premiere ligne que je m'élança, suivi de mes frères shinobis. Rapidement, je me saisis de trois kunai placés entre mes doigts avant de venir les projeter sur les premières shilouettes semblant se relever parmi les amats métalliques et la poussière stagnante. Malgré les supplices de quelques blessés et la confusion d'autres survivants encore sonnés par le choc, je ne fis aucun quartier. Un kunai dans chaque main, je m'élançais sur chaque cible impériale sans un mot, tuant sans trop m'en préoccuper. Le jeune shinobi compatissant avait disparu en même temps que le village, ne laissant qu'une arme humaine rattachée à une philosophie que la nouvelle ère semble s'éfforcer à effacer.

Rapidement, surgissant des autres wagons encore en bon état, certains semblaient s'enfuir afin de donner l'alerte tandis que d'autres, en bien meilleur état physique, chargèrent en notre direction avec la ferme intention de nous rendre chaque coup porté.

Dialogue de personnage
« Tenez vous prêts, les renforts ne vont pas tarder de leur côté, restez en groupe de quatre ou cinq minimum. »


Puis, le voyant à l'écart du groupe, je m'empressa de rejoindre Seishiro, accompagné de trois camarades afin de lui prêter main forte.

Il y a 6 jours

Kako No Uta

Les flammes montaient haut dans le ciel, déformant les ombres autour des wagons détruits. La lumière vacillante du feu dessinait sur le sol des formes étranges, comme si le paysage lui-même était en train de changer. Le vent soufflait par rafales, attisant les braises et faisant crépiter les planches calcinées. L’air était chaud, presque étouffant, et chaque souffle semblait porter avec lui une odeur de métal chauffé à blanc et de bois brûlé. La poussière flottait encore dans l’atmosphère, fine et épaisse à la fois, collant aux vêtements, aux visages, aux pensées. Elle piquait les yeux et forçait à cligner sans cesse. Les silhouettes en mouvement paraissaient floues, presque irréelles, comme vues à travers une vitre embuée. Des voix s’élevaient un peu partout, confuses, brisées, parfois couvertes par le grondement lointain du feu. On entendait des appels, des noms criés, des ordres pressés, mais aussi le bruit plus discret de pas précipités dans les graviers, de mains fouillant dans les sacs, de roues grinçantes qu’on essayait de remettre en place. Malgré le désordre, certains se relevaient déjà, s’organisaient.

Le train, immense quelques instants plus tôt, semblait maintenant fragile, comme une carcasse vide. Plusieurs wagons étaient couchés de travers, penchés ou tordus, mais certains restaient presque intacts, bloqués en travers des rails comme des géants endormis. On distinguait des éclats de verre au sol, des morceaux de tôle froissée, des sacs et caisses ouverts éparpillés un peu partout. Tout autour, le paysage restait silencieux, comme figé. Le ciel, encore teinté de rouge et d’orange par le crépuscule, se mélangeait aux reflets des flammes, donnant à la scène une atmosphère irréelle, entre rêve et cauchemar.

Dans ce chaos où la bataille faisait rage, quelque chose bougea lentement, à peine visible au départ. Une silhouette ; Mai Gaikotsu.

D’abord, on ne vit que deux lumières bleu briller dans la fumée. Deux yeux artificiels, brillants sur un masque sombre. Avançant lentement à travers les flammes, elle semblait venir tout droit d’un cauchemar ou d’une légende. De loin et à peine audible, elle prononçait quelques mots du Code du Juste Pouvoir que l'Empire lui avait apprit.

Mai marchait sans hésiter, droite, son grand arc noir dans les mains. Son armure énergétique brillait faiblement sous les reflets du feu, comme si elle captait la lumière pour mieux l’éteindre. Autour d’elle, une aura sombre semblait flotter, invisible mais bien réelle. Elle avançait comme si l’air lui-même s’écartait sur son passage, chargé d’une tension étrange, presque palpable. Son silence n’était pas vide. Il était lourd de sens. Chaque pas résonnait avec calme et précision, comme si elle ne craignait rien. Ceux qui l’avaient déjà vue combattre, jadis, savaient que ce n'était pas une normalité chez la jeune femme.

Cette atmosphère inquiétante n’était pas qu’un effet du décor. C’était elle. Cette présence calme, froide, presque irréelle, qui semblait annoncer qu’il n’y aurait pas de seconde chance pour ceux qui se mettaient en travers de sa route. Elle n’avait pas besoin de parler. Son regard, caché derrière les lentilles brillantes de son casque, suffisait à imposer le respect. Elle n’avait pas besoin d’alliés visibles. Son aura la précédait, l’entourait, et suffisait à faire hésiter même les plus téméraires.

Mai grimpa sur le toit d’un wagon renversé, ses bottes crissant sur la tôle encore chaude. Autour d’elle, le feu grondait, mordant les bords du métal, projetant des étincelles dans l’air. La fumée s’élevait en volutes épaisses, mais elle n’hésita pas. Elle resta là, debout, droite, au milieu des flammes. Sa silhouette se détachait clairement dans la lumière du brasier, son armure noire parcourue de reflets rouges. Ses yeux brillants, froids et fixes sous son casque, semblaient voir à travers la fumée. Elle leva lentement son arc, sans un mot. Elle ne criait pas, ne bougeait pas plus que nécessaire. Pourtant, chaque mouvement semblait chargé d’une force calme, prête à exploser.

Elle prit une flèche. Son bois noir semblait absorber la lumière, et autour d’elle flottait une ombre vivante, comme une brume étrange. Elle banda la corde. Le bruit du champ de bataille s’effaça un instant. Puis elle tira. Dans un sifflement aigu, la flèche partie en direction d'un shinobi qu'elle cru reconnaitre. Seishiro, frère de son ancienne meilleure amie, Sora. Une deuxième flèche partit. Puis une troisième. Mai tirait avec calme, en gardant toujours la même posture. Chaque flèche était entourée de cette même ombre mouvante, comme si elle transportait un morceau de la nuit avec elle. Les soldats impériaux, perdus dans la fumée et le bruit, ne voyaient que des formes tomber, l’une après l’autre. Depuis ce wagon en feu, elle dominait le champ de bataille comme une sentinelle sombre, comme une promesse de ce qui allait suivre.

Il y a 4 jours


Le temps semblait s'étirer à mesure que le chaos ambiant prenait de l'ampleur. Les soldats de l'Empire avaient l'avantage du nombre malgré le déraillement, mais l'effet de surprise et la vivacité des rebelles ne leur laissaient pas le temps de se réorganiser correctement. La victoire n'était pas garantie, mais tout se passait encore comme anticipé. Au travers des crépitements des flammes, du métal s'entrechoquant et des râles d'agonie, une aura glaciale sembla s'installer. Alors que le soleil déclinait toujours, une ombre menaçante émergeait des entrailles du train.

Initialement seul, un petit groupe mené par Jiken me rejoignit dans ma progression. J'étais surpris, mais pas au point de m'attarder sur ce détail. Cela m'éviterait d'être encerclé pour le moment. De plus, l'usage de mon jutsu se faisait encore ressentir. L'usage du chakra restait compliqué alors que, par le passé, je pouvais enchaîner ce genre de technique plus aisément.

Nous progressions, non sans mal, lorsqu'un sifflement se fit entendre. Une menace à peine audible lorsqu'une première douleur fulgurante me traversa l'épaule droite, la transperçant de part en part. La surprise et la douleur me déséquilibrèrent alors que ce membre perdait toute force. Mon arme gisait inerte au sol.

Dialogue de personnage
« !!! »


À peine le temps de reprendre mon souffle qu’une seconde douleur, plus basse et encore plus traîtresse, me cloua presque au sol. La flèche s’était plantée dans ma cuisse gauche, transperçant muscles et chair pour se loger en travers, m’arrachant une grimace et m’obligeant à fléchir le genou. Chaque pas devenait une épreuve, chaque appui une brûlure qui remontait jusqu’aux hanches.

Un sifflement fendit l’air. La troisième flèche ne fit que frôler ma joue, traçant une ligne fine et chaude sur ma peau avant de disparaître derrière moi. Un mouvement de plus et ma tête aurait roulé dans la poussière avec les autres débris.

Tout s'était passé très vite, trop vite. Malgré tout, le temps semblait au ralenti à mes yeux. La mort m'avait loupé de justesse et pourtant, mon âme riait de ne pas céder. De ne pas succomber à la peur. Si je devais tomber aujourd'hui, soit, je comptais encore me battre. Du moins, le pensais-je alors qu'un allié m'aidait à me mettre à couvert. Je devais me ressaisir.

Je serrai les dents, levant la voix malgré la douleur qui troublait ma vision.

Dialogue de personnage
« Gare aux archers ! On maintient la pression ! »

Avant-hier vers 13h


A peine arrivé auprès de Seishiro qu'une salve de flèches vint l'atteindre, le touchant sévèrement à deux reprises. Par réflexe de survie et en réponse immédiate à cet assaut, chacun tenta de se coller aux débris du train, espérant ainsi échaper au même sort que notre chef d'équipe. Je me tourna alors vers mes trois compagnons m'ayant accompagné auprès du Chikara afin de transmettre de nouvelles consignes.

Dialogue de personnage
« Vous deux, restez auprès de Seishiro et toi, aide moi à localiser ces tireurs ! »


Alors abrités depuis quelques secondes, une nouvelle salve de flèches vint siffler dans notre direction jusqu'à s'écraser au sol. L'une d'entre elles se logeant à seulement quelques centimètres de mon pied.

Dialogue de personnage
« Jiken, là haut ! Regarde ! »


Dit l'un de mes compagnon, pointant du doigt une shilouette ombragée, perchée sur un wagon. Le pauvre bougre n'eut pas le temps de dire un mot de plus tant une flèche vint l'atteindre en plein crâne, effaçant net toute étincelle de vie dans son regard. De plus, l'aspect et l'aura dégagé par ces projectiles avait quelque chose de malsain, provoquant comme un léger malaise en moi. Tandis que chacun de mes camarades se trouve en terrain ouvert, combattant au corps à corps, un franc tireur s'amuse à tous les dégommer, sachant qu'ils ne peuvent que difficilement gérer les assauts lointains et rapprochés. Il faut se débarasser de cet archer au plus vite où il n'y aura bientôt plus grand monde à ramener au camp.

Je me tourna alors vers mon acolyte le plus proche, lui aussi le corps plaqué contre la carcasse métallique.

Dialogue de personnage
« Suis moi et surtout ne t'arrête pas 1 seconde. »


Sans lui laisser le temps d'acquiescer, je m'élança vers la shilouette perchée à quelques centaines de mètres de moi, longeant tout de même une partie du wagon afin de m'assurer une protection minime. Me saisissant de quelques shurikens, je lança grossièrement une petite salve de projectiles en sa direction, espérant simplement ébranler sa concentration. J'interpela alors le peu de mes camarades shinobi se trouvant autour de moi.

Dialogue de personnage
« Attaquez cet archer en priorité ! Que tous ceux qui peuvent se le permettre viennent nous aider à le défaire ! »


Tel un véritable appel sans aucune discretion, j'espérais pouvoir provoquer un surnombre autour de ce qui semble être un archer à la shilouette trouble, unique et pourtant à l'origine d'un tel potentiel létal.

Hier vers 07h

Kako No Uta

Le bruit du sang et du feu formait une étrange musique, un fond sonore que Mai connaissait bien. Le rythme du chaos, le tempo des cœurs affolés, la dissonance des cris humains. Elle l’écoutait, en silence, perchée sur le toit du wagon comme une ombre impassible.

Les rebelles bougeaient. Ils cherchaient à localiser l’origine des tirs, à réagir, à survivre. Ils ne savaient pas qu’ils étaient déjà morts. Ils mettaient simplement plus de temps à l’admettre.

Elle se redressa lentement, ses yeux artificiels adaptant leur spectre à travers la fumée et les particules en suspension. L’un d’eux avait crié. Un ordre. Elle l’avait reconnu : Seishiro. Encore en vie. Elle rectifia sa posture. Une flèche l’avait touché à l’épaule, une autre à la jambe. La troisième avait manqué de peu. Mauvais calcul ? Non. Elle l’avait laissé vivre. Pour voir ce qu’il ferait. Pour le pousser à réagir. Pour le briser dans l’action, pas dans le silence.

Elle se déplaça d’un pas fluide vers l’arrière du wagon, posant une main gantée sur le rebord brûlant sans ciller. Le métal crissa sous ses bottes, protestant faiblement. Elle sauta. L’atterrissage fut silencieux. L’armure énergétique amortissait le choc, comme si la gravité elle-même hésitait à l’atteindre. Elle se redressa, se fondant entre les ombres du train déraillé. Un souffle. Une expiration lente. Elle était en mouvement. Elle ne devait jamais rester en place.

Le daikyū, grand arc noir comme la nuit la plus ancienne, reposait contre son épaule. Il brillait faiblement, non de lumière, mais d’une présence sombre. Elle prit une autre flèche. Bois noir, pointe renforcée, stabilisée par un flux de chakra ténu, presque imperceptible. Elle visa. Un rebelle, accroupi près d’un amas de sacs éventrés, cherchait une position de tir. Il avait les mains tremblantes. Elle relâcha la corde : le sifflement fut bref et le corps s’affaissa, sans un cri.

Elle ne restait jamais plus de trois tirs au même endroit. Deux suffisaient. Trois, c’était pour les morts ou les inconscients. Elle contourna les wagons, passant entre les tôles froissées, son pas effacé par le tumulte ambiant. Les rebelles avaient l’œil rivé vers les hauteurs d’où elle avait tiré. Parfait. Qu’ils regardent ailleurs.

Une voix s’éleva. « Là-haut ! Regarde ! » Elle ne vit que le doigt tendu. Elle tira avant même que son regard ne remonte au visage. L’homme s’écroula, une flèche plantée net entre les sourcils. Une frappe rapide. Son cœur battait avec lenteur, calme. Elle ne ressentait pas la peur, ni la joie. Juste une concentration parfaite. Chaque flèche était un choix. Un verdict. Une punition.

Elle trouva un nouvel angle, plus bas, partiellement couvert par un wagon couché de côté et perchée sur un autre. Une ouverture dans la tôle lui donnait vue sur les lignes arrière des rebelles. Deux transportaient un blessé, un autre, apparemment de rang, donnait des ordres, les gestes amples, trop exposés. Elle respira profondément. Une flèche pour les priver d’un soutien. Une flèche pour faire douter les survivants. Une flèche pour la peur. Elle décocha la première. Le porteur arrière s’effondra, le blessé glissa à genoux. La deuxième frappa l’homme aux gestes amples dans la clavicule. Pas mortel, mais suffisant pour faire hurler. La troisième fut envoyée au-dessus, sifflant au ras des têtes. Elle frappa une caisse vide derrière eux. Le message était clair :

Dialogue de personnage
« Je vous vois. Je choisis qui vit encore. »


Déjà, elle se repositionnait. Elle glissa entre les restes de l’ancien wagon cuisine, dont les parois éventrées dégageaient encore une chaleur résiduelle. L’intérieur noirci était criblé d’éclats métalliques et de restes fondus, mais elle s’y faufila sans hésiter. Elle connaissait ce type de décor. Le chaos l’avait élevée. La fumée, la suie et l’odeur de graisse brûlée ne l’empêchaient pas de respirer. Le métal crissait doucement sous ses pas maîtrisés, absorbés par la structure tordue du wagon. Son arc dans le dos, elle avançait avec la patience d’un prédateur. L’ouverture était là, à quelques mètres. Une ligne de vue directe vers les lignes ennemies, à l’abri de la majorité des regards.

Mais elle ne fut pas la seule à anticiper. Un léger sifflement. Un son trop fin pour la majorité des soldats. Mais pas pour elle. Elle pivota, immédiatement. Trop tard. Un shuriken fendit l’air et entailla sa hanche droite. Le choc ne fut pas brutal, mais précis. Une lame affûtée, bien lancée. Assez pour couper. Pour brûler. Pour lui rappeler que l’erreur existe encore.

Sa respiration resta calme, mais son regard, derrière les lentilles bleues, se fixa aussitôt dans la direction d’où était venu le tir. Il y avait là quelqu’un de compétent, ou du moins, pas aveugle à ses mouvements. Ce n’était pas de la chance. C’était calculé. Elle se plaqua contre la paroi intérieure du wagon, son flanc lui envoyant une douleur sourde à chaque inspiration. Le sang s’infiltrait lentement sous la couche protectrice de son armure, trop superficiel pour la handicaper, mais suffisant pour l’avertir : elle n’était plus invisible.

Elle saisit une flèche, mais ne tira pas. Pas encore.

Hier vers 09h


Toute mon attention se focalisait sur mon souffle, alors que j’essayais d’atténuer quelque peu la douleur qui traversait mon corps. Telle une flamme, la chaleur dans mon épaule semblait s’intensifier à chaque battement. Ce dernier, cependant, résonnait inutilement dans le vide, tandis qu’on m’avait installé dans un couvert de fortune. Ayant initié ce chaos, j’étais déçu. Comment pouvais-je déjà être si inutile ? La faiblesse était une blessure de mon ego, aussi vive que celle, plus réelle, qui marquait ma chair. Malgré toute ma volonté, sans soin, je ne serais qu’un fardeau.

Ma cuisse, elle, était différente. La flèche ne l’avait pas quittée et restait fichée au travers de ma chair. Une blessure tout aussi handicapante. Mais dans mon malheur, cette dernière m’évitait probablement de me vider de mon sang. Raison pour laquelle je ne l’avais pas arrachée. Merci, Ibuki ! Mais cette douleur était loin d’être timide : chaque mouvement, chaque appui déclenchait une violence qui manquait de me faire choir à chaque pas. Actuellement assis, jambe tendue, me relever serait d’une douleur atroce, et ma conscience risquait sans doute d’être mise à rude épreuve.

Mes deux compagnons étaient les derniers de mes soucis. Nous étions en guerre contre l’empire, et les laisser protéger un point mort était une perte de temps. Si aujourd’hui devait être ma fin, qu’il en soit ainsi. Mais je refusais de périr immobile, à attendre qu’une flèche vienne arracher mon dernier souffle.

Le choc du métal se fit entendre plus proche. Une proie handicapée ne manquait pas d’attirer les charognards de l’empire. Un blessé mort jouerait sur le moral de tous. De mon bras valide, et me servant d’un appui, je retenais un hurlement de douleur. Serrant mon poing gauche jusqu’à me faire saigner, je commençai à y concentrer mon énergie.

Cette force, à la fois affaiblie et si dangereuse, m’habitait encore. Sa présence, bien qu’amoindrie, était réconfortante. Si je pouvais encore y faire appel, alors je n’avais pas à m’inquiéter : je représentais toujours une menace. Tout ce qu’il me fallait était un peu de temps. Quelques minutes avant de retourner au front.

Dialogue de personnage
« Donnez-moi… juste un peu de temps… »


Ta voix était moins forte, troublée par la douleur qui obscurcissait tes pensées, en plus de cette présence malfaisante et sinistre. Ton attention principale restait sur ton chakra… et sur l’espoir de ne pas être une nouvelle fois pris pour cible par une flèche.

Hier vers 12h