C’était maintenant… ou jamais.
Depuis l’aube, la capitale n’avait cessé de gronder. Bruit de bottes martelant les pavés, cris d’ordres lancés à la cantonade, murmures affolés qui circulaient d’échoppe en échoppe. Tout vibrait d’une inquiétude sourde, presque palpable. On disait qu’un attentat avait frappé la cité, un attentat perpétré par d’anciens Shinobi. Habituellement, Hikaru aurait balayé cette version des faits, convaincu qu’il ne s’agissait que d’un mensonge politique de plus. Mais ce matin-là… quelque chose sonnait différemment. Les visages des officiers qu’il croisait étaient tendus, leurs mains trop crispées sur les fourreaux, leurs yeux trop mobiles. Même les marchands, d’ordinaire si bruyants, s’étaient assagis, jetant des coups d’œil anxieux vers les patrouilles qui sillonnaient les rues.
La foule, malgré tout, se pressait encore autour de lui pour ses signatures. Les lecteurs se bousculaient toujours, avides d’un mot, d’un sourire, mais ils étaient moins nombreux, moins insouciants. Hikaru, lui, se sentait vidé. Ses traits demeuraient impassibles, mais à l’intérieur, il étouffait sous ce vacarme, cette tension qui rampait comme un feu invisible à travers la cité.
Et puis, la voix.
Une voix qu’il connaissait. Une voix qu’il aurait préféré ne plus jamais entendre. Son souffle se suspendit. Le monde sembla se contracter. C’était lui. L’homme qu’il avait autrefois rêvé de tuer.
Hikaru n’hésita pas. Son cœur battait, mais sa décision était claire comme l’acier. Il quitta sa chaise d’un mouvement sec et traversa la pièce. La première porte arrière lui offrit une échappatoire bienvenue. L’air extérieur, lourd et chargé de poussière, lui fouetta le visage.
Il savait. Ce n’était pas un hasard. Pas aujourd’hui. Entendre cette voix, le jour même où un attentat secouait la capitale… cela n’avait rien d’anodin. Cet homme devait être mêlé à cette machination. Comment aurait-il pu en être autrement ? Hikaru en était persuadé : le monde tel qu’il se dressait sous leurs yeux n’était que le résultat de l’action (ou pire, de l’inaction) de ce même individu. Un homme qui avait cru imposer sa vision, et dont les choix, par ricochets, avaient broyé des vies.
Ce n’était pas l’empereur qu’il accusait, même s’il nourrissait à son égard une aversion profonde. Non. L’ennemi de son cœur avait un autre visage.
Alors il suivit la silhouette encapuchonnée et ses compagnons, gardant toujours une distance prudente. Son regard tranchait la foule comme une lame, captant chaque geste, chaque mouvement suspect. La ville tout entière lui paraissait en suspens, comme si elle retenait son souffle.
Quelques minutes plus tard, Kimino s’éloigna avec un autre. Restait une femme, seule.
Le moment était venu.
Hikaru prit un détour, longea les murs. Son pas se fit lent, presque anodin. Il effectua une action précise dans l'angle de rue avoisinante ; une marque, un calcul, un filet de sécurité ou que sais-je. Puis, il se coula derrière la femme avec la souplesse d’un simple passant. Personne ne remarqua sa présence.
Lorsqu’il fut assez près, le masque tomba. Sa main se leva, rapide et précise, et son kunai brilla une fraction de seconde avant de se poser contre la gorge de sa cible. Sa voix, basse, vibra d’une froide détermination :
« Que fait Uzumaki Kimino à la capitale ? Il est avec toi ? Tu es une soeur de Konoha ? »
Il espérait sérieusement ne pas être face à un piège de l'empereur, car les mots prononcés étaient interdits. Mais ils étaient potentiellement trois et l'un d'eux devait comprendre qu'il n'était pas forcément un ennemi... Mais il restait naturellement celui de Kimino.