Elle tourna la tête pour écouter ce qu'elle avait à dire. Elle la laissa finir en silence, sans l'interrompre. Kyoko n'avait pas tort. C'était bien le problème, personne n'avait tort. Mais personne n'avait raison non plus. C'était un problème insoluble, et qui prendrait fin le jour où le parti le plus puissant écraserait les autres. C'était défaitiste, mais c'était ce qu'Owari pensait.
« Dit comme ça, ça paraît assez horrible. Tu ne dois pas connaître le passé sanglant des Kenketsu. Pour tout te dire, je ne le connais pas en détail non plus. Les vampires enchaînent les tueries depuis des siècles, et ça ne s'arrêtera pas de sitôt. Nous sommes craints et détestés à travers le temps et l'espace, et tant que tout ça durera, les humains voudront notre mort et vice-versa. »
Il lui paraissait impossible de vouloir faire régner la paix. Une haine si ancienne ne s'éteindrait pas avant d'autres massacres, si ce n'est une extinction de race, que ce soit d'un côté ou de l'autre. Et Owari voulait que les humains gagnent.
« Les vampires ont déjà des gens pour les guider, et bien plus puissant qu'aucun d'entre nous ne le sera jamais. Tu as raison de croire que nous ne sommes pas tous mauvais. Mais il est évident que nous sommes en minorité. »
Plus elle parlait, et plus son visage s'assombrissait. Elle avait toujours pensé comme ça, mais jamais elle ne l'avait formulé à voix haute.
« Pour finir, jamais les humains ne nous feront assez confiance pour instaurer une paix durable. Si tout le monde pensait comme toi, je commencerais à croire à un avenir pour nos deux peuples. Mais nous nous entretuons depuis trop longtemps pour espérer une miséricorde mutuelle à présent. »
Finalement, elle colla un faux sourire sur son visage. Elle avait tort sur beaucoup de points qu'elle venait d'aborder. Mais elle savait aussi qu'elle avait raison sur beaucoup d'autres. Comme quoi, rien n'était jamais tout blanc ou tout noir.
« Mais je ne te parle que du cas où notre plan A rate. Mon amie cherche actuellement un moyen de rendre les vampires à nouveau humains. Nous n'avons aucun résultat pour l'instant, mais avec une vie de recherche devant nous, je crois qu'on peut réussir quelque chose. »
Bien entendu, le manque de matériel, de sujets d'expérimentation, et de conditions de travail potables les empêchaient d'avancer comme elle le voudrait...
« Je penserai à ce que tu m'as dit à l'avenir. Je tâcherai de trouver un moyen différent d'en finir avec ces conflits. Je te remercie de m'avoir donné ton point de vue. J'ai rarement l'occasion d'aborder le sujet avec des humains. »