Sa réflexion était bonne, je me faisais la même à l’heure actuelle à vrai dire. Ces Hattori n’avaient sans doute pas été enterrés ici par hasard. De plus, je peux remarquer que bien que les gravures soient semblables à celles présentes sur les tombes du villages, le matériau utilisé pour fabriquer ces tombeaux était différent du marbre habituel. Je n’étais pas une experte, loin de là, mais je pouvais affirmer que ceci n’était que de la vulgaire pierre.
« Vous en connaissez beaucoup des nukenins qui se font enterrer en groupe ? Pour ce qui est de la famille exilée… les masques rouges ? Hmm, j’ai du mal à croire en cette théorie. J’ai lu beaucoup de notes à leur sujet, aucune qui ne parlait de dieux endormis ou de pêcheurs. Mais nous sommes d’accord, il doit s’agir de quelque chose d’assez spécifique... »
Je n’étais pas la plus calée sur l’histoire des masques rouges, je m’étais tenu bien à l’écart de toutes ces histoires à l’époque. Miyu semblait faire le tour de la pièce, je ne comprenais pas qu’en réalité elle écoutait simplement le bruit de ses pas. Durant ce temps, mon regard était captivé par les différentes tombes autour de nous. Il y avait quelque chose, je le sentais, mais j’étais incapable de le voir. Un peu comme cette sensation en partant de chez vous, vous êtes certain d’oublier quelque chose, mais vous ne parvenez pas à mettre la main dessus. Vous voyez ? Eh bien c’était un peu pareil. Soudainement, je fus sortis de mes pensées par le bruit d’une dalle qui se mit à se déplacer. En me retournant vers elle qui se redressait au même instant, je compris très vite que Miyu était à l’origine de cette trouvaille. Avec un sourire satisfait, je lui lance alors :
« Alors ça, c’est très bien joué. »
Nous eûmes le même réflexe, celui de regarder au fond de cette cavité. Je ressentais un mélange de peur et d’excitation, qui sait ce qui pouvait se trouver là dessous ? Je restais immobile quelques secondes, jusqu’à ce que la Hattori ne prenne l’initiative de passer devant. D’un hochement de tête avec le visage comme amusé, je ne tardes pas à lui emboîter le pas. Nous marchons une bonne centaine de mètre dans un couloir étroit, uniquement fait de terre avec quelques morceaux de bois pour maintenir le tout. Nos torches éclairaient nos pas, jusqu’à ce que le tunnel se fasse un peu plus clair, puis vint ce bruit… de l’eau ? Ma coéquipière et moi nous arrêtions un instant avant de nous regarder l’une et l’autre. Nous étions d’accord, nous ne rêvions pas, nous étions sous terre et il y avait de l’eau s’écoulant à quelques pas de nous. Nous avancions alors encore un peu, et c’est à ce moment précis que je vis l’une des choses les plus merveilleuses qu’il m’eut été donné d’apercevoir.
Nous devions nous trouver à plus d’une centaine de mètres sous terre, et pourtant, devant nous se dressait l’un des lieux les plus merveilleux que la nature n’ait jamais produit. Une immense caverne, remplit de végétation. Comme si cet endroit avait un écosystème à lui seul, il n’aurait manqué que des animaux pour parfaire ce paysage idyllique. Encore quelques pas plus loin, l’origine du bruit que nous entendions, une cascade d’eau, provenant probablement d’un lac situé à la surface, ou encore, de la roche des montagnes elles même ? Je ne pouvais y réfléchir, je ne pouvais qu’apprécier ce qui se présentait à moi. En partant ce matin, je n’aurais jamais imaginé voir une chose pareille, je ne pensais même pas cela possible. Je posais ma torche, un puits de lumière éclairant suffisamment l’entièreté de la grotte, celle-ci n’était plus nécessaire. Je m’enfonçais toujours plus à l’intérieur de la grotte, alors que j’arrivais à ce qui ressemblait à un lac dont l’eau semblait glacée, je dis tout doucement à ma coéquipière :
« J’ai beaucoup voyagé. Mais je crois que c’est de loin l’endroit le plus incroyable que je n’ai jamais vu. »
Je m’avançais encore un peu plus, telle une gamine qui découvrait un endroit merveilleux. J’aurais pu rester des heures dans ce lieu. Il était si paisible. Mais tout doucement je commençais à revenir à la raison. Pourquoi un endroit pareil se trouvait-il sous un tombeau Hattori ? Je n’avais jamais entendu de légende au sujet d’un lieu presque paradisiaque. Puis, comme si mon regard avait été soudainement attiré, mes yeux se posèrent sur un autel, situé tout au fond. Aussitôt, j’interpellais ma partenaire ;
Après un bref signe de main, je me dirigeais vers ce curieux autel. La Hattori avait elle vu juste quant à une secte ? Rapidement, j’aperçois de nouvelles écritures, semblables à celle ornant le mur du tombeau. Je m’accroupis, dégageant alors la poussière, je nous permets de lire les quelques morceaux encore en état :
" Ici repose […]. Dont la bie[…] et la clairvoyance ont sauvés de nombreux [...]ri "
« J’ai cette même impression que là-haut… La réponse me paraît si évidente. »
Dis-je en pensant à voix haute avant de me redresser. Je posais la main sur mon menton, j’avais beau réfléchir, rien ne me venais…
« Les voleurs devaient en avoir après cet endroit, et non le tombeau au dessus. Autre question maintenant, comment ont-ils eus connaissance d’un lieu pareil ? »
Je commençais à faire les 400 pas en tournant en rond. J’avais la réponse sur le bout de la langue, tout cela était plutôt logique d’ailleurs. Si seulement j’avais été un peu plus assidue durant les cours d’Histoire...