S’ils sont si peu nombreux, il doit y avoir de trouver la clé de ce don seul ou de trouver des traces de ses utilisateurs. Il faudra être discrète, mais ça ne me fait pas peur. Comme le fait de devoir justifier un lien avec une Kaguya. Je suis sûre que cela ne plaira pas à tout le monde et un peu désabusée, je ne peux que comprendre son point de vue quand elle se “voit” en moi, sa cadette. Si j’échoue, elle m’aura donné de son temps pour rien. Et si on y arrive, ce qu’elle en retire ne sera dû qu'à son mérite.
« Soit. J’en profiterais pour me renseigner sur l’Onkyoton pendant que tu règles tes affaires. Je t’avoue, que je n’ai jamais envisagé de faire quoi que ce soit d’autre que maîtriser le poison de mon clan… donc je n’ai jamais porté d’intérêt aux autres disciplines. Mais ce qui est sûr… »
Je pouvais sentir que son aura avait changé, comme si la barrière clanique respective avait été éclatée dès lors que nous avions réalisé notre similarité.
« Je demande juste à pouvoir me protéger et protéger ce qui compte pour moi. Ne plus être obligé de regarder ailleurs et attendre que ça passe. »
Je voulais revendiquer et défendre ma vision du monde. Oh déesse. Kaiya avait raison quand elle me disait naïve, pour ma défense, j’étais encore une enfant non ? Oui et non, dépendant des moments et sans hésitation j’ai tendu ma main, je l’ai refermée dans la sienne. Incrédule au début, jusqu’à ce que cela commence.
Je ne sais pas exactement quelle était cette diablerie. Je n’ai jamais vraiment été confronté au genjutsu. Bien sûr, mes mentors en ont fait allusion quelques fois, mais le subir… non le vivre, c’est tout à fait autre chose. Vaseuse et connectée, au début, mes sens s’affolent. J’essaie d’avoir le contrôle sur mon souffle, ce que je vois ou peux entendre… mais plus aucun choix ne m’appartient. Stoïque, j’ai comme l’impression qu’une autre personne est à l’intérieur de mon être ou bien moi qui suis à l’intérieur d’elle. rapidement pourtant, le malaise laisse place à la peur et la surprise. l’adaptation est tout aussi rapide que le conte illusionné n’est captivant. Dans les brimades, la violence, l'injustice et l’ignorance, je revois des brins de ma propre existence dans un autre décor. Je reconnais la frustration, le désespoir et la colère, mais aussi et surtout cette volonté.
Devant la mort d’un être aimé, je me rappelle pourquoi être seule ne m’a jamais gênée. Cela me conforte dans le fait que j’avais raison alors que mon cœur se déchire au rythme du sien par la connexion spirituelle.C’est douloureux, mais pas encore le pire à venir. L’horreur de la guerre défile devant mes yeux, ses fragments aussi terribles que irréguliers. Les livres d’histoire, les rapports et les racontars sont loin de la réalité. Même si je m’en doutais un peu, je ne peux que me demander si c’est le fait de voir cela du côté de celui qui perd qui me rend si désamorcé. Ou alors, c’est son effet à elle, Kaiya. Doucement le décor s’assombrit encore, me traînant dans les moments les plus intimes de sa vie. Mon cœur me fait mal, mon corps aussi, l’air manque dans mes poumons et je comprends la lutte de la rationalité et de la réalité des choses qui est en train de se produire ici… et c’est plus horrible que tout ce qui a précédé. Le partage s’arrête et mes membres sont tétanisés, la nausée que j’ai réprimée ne peut plus être contenue et sans grande classe, je régurgite sur le côté de mon assise.
Du coin de l'œil je vois cette marque humide et salée sur son visage avant de sentir sur mes lèvres que la même a gravi le mien. C’est terrible, mais familier pour moi et une fois de plus, j’ai tenu la place de la spectatrice silencieuse… par la force des choses. Ressentir le point de vue de la position de la victime ne fait qu’augmenter d’un cran ma culpabilité d’un souvenir réprimé.
Pour avoir salis son sol, pour ce qui lui est arrivé… pour être incapable de l’aider à tout effacer. Pour n’avoir rien fait devant le genre de sévices qu’elle avait subi. Essuyant la sueur et les larmes, je me sens vidée de toute mon énergie. je ne sais pas comment doit réagir quelqu’un dans ce genre de situation. Je me souviens juste du regard reconnaissant de ma sœur, quand j’étais venue glisser ma main dans la sienne, mon front contre le sien. Est-ce que je peux vraiment me permettre une telle proximité avec une étrangère ?
Pourtant c’est déjà fait. Étrangère ? L’est-elle encore à proprement parler. Je me rends compte que j’en sais plus sur elle qu’elle n’en sait sur moi. Non, je ne peux pas effacer, mais…
« Je peux t’aider à te venger. À obtenir justice si ce n’est pas déjà fait. »
C’est peut-être l’effet du genjutsu, mais j’ai l’impression moi-même d’avoir été souillée par ces porcs. La rage et la rancœur sont incontrôlables, ils brûlent en moi avec de mauvais desseins. Mes mots se susurrent, glissent vers l’oreille de la malchanceuse.
« La volonté d’un Hattori n’a pas de limite. Si je glisse les bons mots; dans les bonnes oreilles, ils finiront tous dans un établissement des plaisirs. »