Le visage empourpré par la pudeur, Kagero fixait avec intérêt son public solitaire. Jamais elle ne s'était autant donnée et mise autant en danger devant un autre homme que son défunt mari. Avait-elle finalement réussi à faire son deuil ? Ou alors, à travers cette mise à nue, tentait-elle encore une fois, de fuir le fantôme de Shun ? Au fond, peu importait. L'essentiel résidait dans son envie de partager un moment intime avec son hôte. Attention, là encore, il n'y avait pas réellement de désir physique ou charnel. C'était plus un besoin d'un échange où chacun se livrait sans aucune crainte, un instant de pure confiance. La Geisha se sentait prête de renouer un lien solide avec un homme, plutôt charmant au demeurant. Lentement, au fil des compliments et des confessions de son invité, la kunoichi esquissa un sourire timide. Peut-être qu'Azamuku voulait lui aussi transformer leur relation, dépasser le stade de simple connaissance.
Confiante et joueuse, la kunoichi reprit de nouveau les devants et se rapprocha avec grâce de son interlocuteur. Là, toujours en souriant, elle fit basculer son corps vers le sien, tout en approchant sa tête de la sienne. Puis, à la dernière minute, elle attrapa la veste abandonnée et se redressa avec fierté.
« Je t'emprunte ça, il fait un peu froid. Tu ne trouves pas ? »
Un doux clin d'œil ponctua l'interrogation. Amusée par tant de subtilité, la quarantenaire fit mine de s'éloigner quelque peu pour mieux se retourner. Là, elle adressa une remarque lourde de sens à l'être assis.
« Tu peux regarder, ne te caches pas. Après tout, tout ça est à toi, ce soir. »
Qu'espérait-elle ? Pourquoi agir ainsi ? Finalement, même elle ignorait le sens de tout ceci. La belle brune se laissait porter par les événements et son impulsivité. Jadis, elle aurait mis ces jeux d'adultes sur le compte de son envie de protéger sa famille. Néanmoins, en étant honnête avec elle, Kagero savait que c'était plus que cela. Elle éprouvait des choses qui dépassaient la simple ruse. C'était son corps et son cœur qui étaient engagés ce soir, par sa raison.