Hinae observait son sang semblant emplir les veines de cette terre. Bakura, son amie semblait la poignarder comme si elle n'était rien en ce bas monde. Ceci était-ce l'exemple d'un ninja ? Ne jamais ressentir ? La Chikara n'en savait rien, elle n'avait jamais su écouter son prochain. Son père n'était qu'un civil. Une larme coulait cependant sur sa joue. Elle se fichait de savoir si cela était normal ou non. Elle souffrait. Non, le problème n'était pas simplement physique, son âme semblait cracher un épuisement sans fin.
Son propre sang l'attirait et la dégoûtait à la fois. Elle ne se comprenait plus. Elle saisit un Kunaï. Elle se posait la question de l'utilité de sa vie sur ce bas monde. Si finalement elle était ici, c'était pour Bakura. Son pauvre père était bien trop occupé pour être heureux pour elle. Sa défunte mère l'attendait sûrement... Son coéquipier.. Elle n'en savait rien.. Il était si étrange... Sayan... Il s'en fichait sûrement. Ce n'était qu'un pauvre macho.
Ainsi, elle se résuma à une chose. Sa seule amie venait de la poignarder. Pourquoi ? Pour sa différence. Elle approcha la lame de son Kunaï de son cœur. Il lui restait largement la force de le faire. Alors qu'elle s'apprêta à mettre fin à ses jours, une voix sembla retentir dans son esprit... C'était celle de ce vendeur de Dangos, celui rencontré peu après son arrivée à Iwa...
« Tu ne sais pas quoi faire de ta vie et le monde te semble cruel ?
Hinae, permets moi de te dire que ce qui fait défaut est sur quoi tu sembles le plus te reposer depuis toujours.
L'homme recherche la perfection, il ne suit que son idéal et sa vision. Il veut un monde à son image.
Mais nous sommes différents et nous ne pensons pas forcément de la même façon, tu comprends ? Les avis divergent et les guerres naissent pour mieux tuer.
Ainsi, nous pourrions modifier ce monde qu'en le voyant simplement autrement. Tout n'est qu'une question d'image, nous ne voulons voir que ce qui nous arrange.
C'est pourquoi Hinae, tu ne dois jamais penser que ce monde est horrible. Il ne l'est pas. Tu dois lui faire confiance. Les animaux, les arbres, la vie, l'eau... Tout cela, peux-tu le regarder négativement ? En y songeant bien, tout n'est qu'un cercle logique.. Nous ne faisons qu'armer les arcs. Nous nous reposons sûrement trop sur notre idéal...
C'est le problème de ce monde... »
Hinae comprit enfin le problème. Les gens étaient différents, certes. Elle le savait dorénavant. Mais elle estimait toujours et encore que la perfection de ce monde n'était pas atteinte. Son amie venait de la trahir. Elle détestait cette vie. Elle l'haïssait au plus haut point. Malgré tout, elle ne cessait de repenser aux dires de l'homme... L'eau, les animaux.. Oui, il n'y avait pas la moindre notion de méchanceté dans cela, elle l'admettait. Ainsi, le problème était simple. C'était elle, une fois de plus !
Elle se mit à pleurer, approcha lentement.. très lentement... Le Kunaï... De ses yeux... Elle ne voulait plus voir le monde s'effondrer bêtement. Et puis finalement, ses pupilles n'étaient que le reflet que ce que détestait Bakura, non ? La différence, encore et toujours.. Les hommes sont si faibles..
Bientôt, les orbites de la femme saigneront.
Bientôt, elle ne verra plus.
Bientôt, le monde sera plus beau...