Le vieux la regarda un instant, son rictus se tordant lentement en une grimace de dégoût.
« J’ai peut-être l’air vieux, mais j’ai encore assez de bon sens pour pas me laisser embobiner par une gamine... »
Il cracha au sol, se redressant péniblement, ses mains tremblantes accrochées à son bâton comme à un ancrage.
« Garde tes tours pour d’autres, fillette. Ici, on troque pas les infos contre des "services particuliers". »
Kohana haussa un sourcil, légèrement surprise par sa réaction, non pas qu’elle ait vraiment eu l’intention de marchander son corps, mais la provocation servait parfois à tester les failles. Elle remit sa cape sur ses épaules, le regardant comme on observe un chien galeux qui vient de refuser un os.
« Dommage. Je pensais vous offrir un petit moment de distraction dans cette vie de solitude. »
Elle se détourna, feignant l’indifférence, et avança d’un pas calme vers la chaumière, comme si l’échange venait de se terminer. Le craquement de ses pas sur les herbes sèches rythmait son approche. Le vieil homme, lui, tiqua immédiatement.
« Hé ! Pour qui tu te prend, pas un pas de plus ! Gamine ! »
Il s’élança avec une agilité étonnante pour son âge, mais Kohana s’y attendait. Elle atteignit la porte avant lui, l’ouvrit d’un geste sec, puis entra sans hésiter. L’odeur de suie, de plantes séchées et de vieux cuir lui sauta au nez. Le vieillard, furieux, s’apprêtait à la tirer dehors quand elle se retourna vivement. Dans un mouvement fluide, elle l’attrapa par le col de sa tunique vieillit par le temps et le plaqua sans ménagement contre le mur à proximité de la porte.
Ses yeux vairons croisèrent ceux du vieil homme, et toute trace de sourire s’était évaporée de son visage.
« Ecoute moi bien vieux grincheux. J'ai pas que ça à foutre de perdre mon temps avec toi. »
Elle resserra sa prise, son avant-bras lui bloquant la poitrine et son autre main Kunai en main.
« Tu sais des choses sur Shimazu. Et tu vas me dire ce que je veux savoir. Tout de suite. »
Il tenta de se dégager, mais elle appuya davantage, le clouant au bois rugueux. Le vieil homme tressaillit sous l’impact, un cri aigu lui échappant tandis qu’il s’effondrait au sol, visiblement blessé par le Kunai que tenait la femme. Kohana l’observa sans un mot, indifférente à sa plainte, concentrée sur ce qu’elle était venue chercher.
« La prochaine fois que quelqu’un viendra frapper à ta porte, ce sera pour récupérer ton corps. »
« Tu peux continuer à jouer les fortes tête si tu veux... »
Un silence pesant s’installa. Le seul bruit, dehors, était celui du vent qui faisait frémir les branches du vieux pommier près du champ. Kohana attendit, inflexible. Le vieil homme la regarda, entre surprise, colère… et une peur mal dissimulée.
« Très bien. Tu veux tes infos ? Alors écoute bien, et espère ne pas regretter d’avoir insisté. »
Le grincheux maintenait sa plaie avec ses deux mains tremblantes, serrant les doigts comme pour retenir la douleur. Son regard, voilé par la souffrance, restait fixé sur cette abominable femme.