Dis-tu d’une voix à peine audible alors que la Miwaku refermait la porte derrière elle. Il y avait peu de chance qu’elle mette la main sur Shimazu aussi facilement, tout cela n’était qu’une excuse pour la tenir hors de la capitale le temps de la visite de la Reine, qui allait sûrement être accompagnée de l’Okasan. Avec un peu de chance elle ramènerait réellement quelques informations utiles, mais cela avait avant tout pour but de la protéger elle et tes projets. Il y avait des chances que la Miwaku ne découvre le pot-aux-roses plus tard, et qu’elle ne t’en veuille de lui avoir fait manquer une occasion de mettre la main sur son aînée, mais l’une et l’autre étaient encore trop importantes pour que tu ne les laisse s’entre-tuer.
Tu n’eus qu’à peine le temps de penser que la porte s’ouvrit à nouveau. Cette fois c’était Saori qui venait au rendez-vous. Après lui avoir rendu en retour ce qui ressemblait vaguement à un sourire, tu t’empressas de lui faire signe tout en disant :
« Ah Saori, te voilà. En effet, viens avec moi, nous devons discuter. »
Silencieusement, vous traversiez alors les longs et interminables couloirs du palais. Croisant bon nombre de dignitaires en tout genre sur votre chemin. Le palais était constamment animé, bien que la plupart de ces gens n’étaient là que pour lécher les bottes de l’Empereur. Tandis que vous marchiez, vous ne manquiez pas de susciter les regards. Il était devenu impossible de se promener sans que l’on épie vos moindres faits et gestes, ne serait-ce que par curiosité malsaine, alors il fallait tâcher de ne jamais rien laisser transparaître. Vos pas vous menèrent étage par étage pour finalement arriver jusqu’au toit du bâtiment. Un lieu peu commun pour discuter, mais ici elles pourraient difficilement être entendue. Tu rompis alors le silence et lui annonça :
« J’ai besoin de toi pour une mission un peu particulière… Le genre où je m’attends à ce que tu ne sois ni vue, ni entendue et où tu ne poses pas de questions. »
Jusque là, rien d’anormal, peut-être même habituel pourrait-on dire. Kohana et Saori étaient toutes deux de très bonnes
solo et ta confiance en elles étaient inquantifiable, en revanche Saori s’avérait être une valeur plus… « sûre ». Son tempérament étant bien moins explosif que celui de sa comparse, il y avait parfois des missions pour lesquelles son profil était bien plus intéressant. Il faut dire qu’il est aussi plus facile d’être discret avec une chevelure noire.
« Je sais que c’est ta spécialité, en revanche cette fois, je comprendrais que tu refuses. Si quelqu’un t’attrape je ne pourrais pas te couvrir et je devrais prétendre que tu agissais de ton propre chef. »
En somme, cela voulait dire que cette mission n’était pas réellement dans l’intérêt de l’Empire, et que par conséquent l’Empereur lui même n’en savait probablement rien. À force de vivre au cœur des intrigues, tu avais finis par tisser ta propre toile au sein de l’Empire, comprenant que parfois la manipulation avait plus de valeur que l’action.