Notre présence ici n’était du qu’un à terrible mensonge de ma part. Les envahisseurs n’avaient jamais pénétrés la région, et encore moins pris le contrôle du fort. Je jouais gros en agissant ainsi, je le savais, mais cela ne m’importait pas, ce que je voulais c’était me venger. Ce monstre que je pensais être mon amant n’était pas différent de la plupart des hommes, c’était un goujat, ni plus ni moins. Son jeu d’acteur, ses mots, tout cela n’avait plus d’effet sur moi. Il m’avait, avec son comportement des plus dégoûtants, libéré de sa propre emprise. J’aurais pourtant tout donné pour lui, jusqu’à ma propre vie, mais c’est ainsi qu’il me remerciait ? Je ne savais combien de femme mon cher frère avait eu dans sa vie, mais ne serait-ce qu’une était de trop. Oui, tout cela n’était qu’une histoire de jalousie.
« Pendant toutes ces années, je n’ai attendue que toi, patiemment, à Kumo. Chaque jour, je me demandais si tu allais enfin passer le portail de notre résidence, si tu allais enfin revenir près de moi. Et finalement… ce que j’espérais être le début de mon bonheur fut tout l’inverse. Tu m’as trahie, déshonorée, humiliée. Tu m’as mentis en me regardant droit dans les yeux. »
Je repensais à chaque chose qu’il avait pu me dire alors que nous n’étions que tout les deux. Il m’avait fait rêver d’une vie meilleure, une vie dans laquelle nous serions libres de vivre ensemble. Mais il avait transformé ce rêve en cauchemar. Cela commença par des rumeurs, puis à mesure que j’enquêtais j’apprenais la sombre vérité. Lui et moi n’avions visiblement pas le même attachement l’un pour l’autre, que ce soit avant ou après son départ, les liaisons qu’il avait eu étaient incalculables. Si tu étais prête à passer l’éponge pour ce qui s’était passé durant sa jeunesse, ce n’était pas le cas pour les relations qu’il avait eu après son retour à Kumo. Nokutisu, bien qu’il donnait l’image d’un homme parfait, n’était qu’un affreux pervers déloyal.
« Cesse de porter ce masque, mon frère. Je connais ton vrai visage. As-tu au moins la décence de reconnaître ce dont je t’accuse ? »
Ses récentes menaces envers l’Okasan n’avaient rien arrangé à l’idée que je me faisais désormais de lui. Si ce n’était pas purement personnel, alors je me devais d’accomplir l’ordre qui m’avait été donné par l’intendante en purifiant Kumo des gens comme lui. Et alors que d’étranges éclairs blanchâtres commençaient à crépiter dans le creux de ma main, j’ajoutais :
« Quoiqu'il en soit, nul besoin d’essayer de te justifier ou de discuter, tout s’arrête aujourd’hui, Nokutisu. »