La potence

En observant cette pauvre bidoche cuite, Hatsuharu eut l'impression de se voir dans le passé... Il se souvint des longues nuits à tenter de se forcer... Ce temps où il souhaitait encore redevenir un homme... Cette époque était bien révolue, au point que la simple vue d'un tel aliment était un véritable supplice pour le Kenketsu. Il soupira alors en attrapant la viande préalablement cuite avec ses longs doigts pour ensuite apporter cette chose à sa bouche. Ignoble.


Une excuse bien médiocre dans le seul but d'éviter une seconde bouchée. En observant sa blessure plus refermée lamentablement, Hatsuharu s'étonna que la femme ne s'était surprise de son corps froid. Il reprit :


Et sans le savoir, cette femme dînait avec un loup...

Inconcevable ! Comment pouvait-il tenir autant de temps sans manger ?!




Déjà mort... ? Ah ah ah ah, mais non. Fuu se faisait bien de drôles d'idées, mais les mots de l'individu ne la rassurait que très peu. Une brebis parmi les loups ? la Miwaku déglutissait tant bien que mal le morceau de viande séché que le ténébreux ne mangeait pas.


Ce type était pas net. Il était là durant des semaines à moitié vêtu, dans le froid et sans manger et pourtant... Il ne paraissait pas si mal en point aux yeux de la jeune femme qui le dévisageait brièvement avant d'offrir son aide à l'homme pour le relever.


Puis, elle empruntait le chemin de la sortie constatant que la pluie recommençait de plus bel.

De la pluie... Une véritable aubaine... Elle jouait en faveur du Kenketsu qui n'aurait pas à subir le taquage par l'odorat des clébards de la cheffe des Infidèles. Hatsuharu se servit de la main de la jeune femme pour pouvoir reprendre la marche.


Sous l'étendard de l'esclavagisme et du sang... Il se mit à marcher quelques mètres devant la jeune fille. Il avait faim. Terriblement faim. Il ne supporterait pas éternellement être en compagnie d'une chaire aussi fraiche et douce. Pour tromper la faim, il décida de reprendre :


Il ricana en admettant intérieurement la stupidité de cette jeune fille.

Ce nom disait à la fois quelque chose à la jeune Fuu, mais à la fois rien. L'individu était particulièrement étrange et obscure du point de vue de la Miwaku, sa façon de parler depuis tout à l'heure ne la rassurait guère... Mais bon... Le choix était déjà fait et dans une telle situation, elle aussi aurait aimé avoir un sauveur ou une sauveuse.


Ouais, la jeune femme n'était pas vraiment adepte de connaître le nom de l'homme, elle s'en moquait même un peu. Elle n'était clairement pas prêtre à donner le siens, c'était beaucoup trop risquer pour ébruiter sa présence vis-à-vis de l'Empire.




Autrement dit, elle n'hésiterait pas à le laisser à son triste sort si ce dernier se montrait un peu trop menaçant à son égard. La femme pouvait paraitre froide au premier abord, en la connaissant d'avantage elle était clairement une autre personne.

D'un pas plus rapide et ne faisant pas encore totalement confiance à Hatsuharu, elle ne se privait pas de se mettre à côté, légèrement plus avancé que lui pour mener la marche. Elle reprit:


Car après tout, rien empêchait le ténébreux d'emmener la demoiselle ailleurs, pas vrai ?

L'homme se mit à rire face au caractère bien trempée de la jeune sotte. Elle n'était pas bien bavard... Hatsuharu savait être silencieux, mais il possédait un certain intérêt à séduire ses proies avant de les croquer. D'un ton amusé, il répondit à cette jeune bien vigilante :


En observant la neige, il comprit rapidement que le soleil était devenu bien plus désagréable pour lui... Il allait devoir s'en méfier. Par chance, le ciel était relativement nuageux dans le secteur. Natsumi était mieux avec Saori, Hatsuharu n'en doutait pas. Il était encore surpris d'être en vie après avoir eu l'opportunité de croiser cette sorcière blanche... L'éternel spectre du Yuukan se questionnait vis à vis de cette femme... Pourquoi était-elle encore en vie ? Et comment se faisait-il qu'elle était si silencieuse ? Pourquoi ne pas se venger du Prince ? Que préparait-elle ? Sa survie était-elle la véritable raison de la chasse aux Minashigo ? Bref, il était trop tôt pour théoriser... Pour le moment, Hatsuharu devait récupérer et fuir les terres gelées.

Les yeux de l'homme dégoutait la jeune Miwaku. Un long frisson parcourait pour la deuxième fois son échine. Elle ne sentait vraiment pas à l'aise avec l'individu, enfin... ce n'était pas le premier homme et le dernier qui lui procurait cette sensation particulièrement désagréable.

La main de Fuu ne restait jamais loin de son tanto, tandis que l'autre lui servait à manger en cours de route. Une sale habitude que prenait la femme et qui pourtant ne lui faisait absolument pas prendre de poids. Elle avait le secret qui pourrait faire que beaucoup de femmes la jalouseraient. Enfin pour l'heure et sans dire un mot de plus à s'empiffrer de viande séchée, elle ouvrait la voie comme elle le décidait.