Une lueur dans les yeux.

Je n'étais point étonné de sa réponse. Tout en essuyant le peu de sang qu'il me restait sur le bord du nez, je réfléchissais. Qui aujourd'hui confierait sa confiance à un être tel que lui ? Il semblait s'être déconnecté de la réalité de notre monde. Lui et sa foutu drogue. Il avait espéré quelques minutes plus tôt de la partager avec moi. J'ai préféré l'ignorer. Je n'ai pas besoin d'une amie pour me sentir mieux, je suis plus fort que ça.
Mais peut-être y avait-il eu méprise ? M'en avait-il proposé pensant que je me droguais moi aussi ? Je préférais ne pas savoir en fait, aussi je pris sur moi de ne pas ramener le sujet sur la table, l'envie de shooter sa foutu fiole était déjà assez présente pour en rajouter.

L'Uzumaki semblait se méfier de moi à présent. Mon idée l'avait-il effrayé ? Sa voix trahissait ses pensées. Il avait déjà compris ce que je souhaitais faire ? Il ne manqua pas de me poser la question afin de s'en assurer.
Devais-je finalement lui révéler quoi que ce soit ou tenter de l'impliquer ? Sa présence était plus un risque qu'une utilité finalement...
Je m'adosse à mon siège, croissant les bras et fermant les yeux je m'adresse à lui d'une voix calme et sereine.



J'esquisse un sourire tout en ouvrant à nouveau les yeux, j'échange de nouveau un regard avec l'Uzumaki, lui qui semble se perdre dans l'infinité de mes pupilles, il se montrait presque plus intéressé que moi même à leur propos. Je poussa un léger soupir avant de poursuivre :



Je jouais sur le fait qu'une telle opportunité ne se présente pas tout les jours.
En effet ce n'est pas si souvent qu'on vient vous proposer presque de faire un casse dans votre propre village. Mais je me questionnais sur la fidélité de Hoshi quant aux règles du village, lui qui passait le plus clair de son temps ici, il n'avait rien d'un criminel, mais respectait-il les règles ? Au vu de sa forte tendance à l'utilisation de la drogue, je pensais que non, mais si ça se trouve j'avais devant moi l'une des personnes les plus fidèle du village ? Cette pensée ne manqua pas de me faire sourire, il serait bien étonnant que cet homme soit du genre à filer droit.



J'étais certain que là-haut se trouvait des ouvrages qu'il apprécierait avoir entre les mains, mais nos rangs était loin d'être suffisant pour en avoir l'accès, surtout le mien à l'heure actuel. Hoshi ? Je ne savais même pas s'il était un Shinobi.

J'ai donc ma réponse. Elle est claire et limpide et sans détour. Il me propose donc sans concession d'enfreindre les règles et les lois qui régissent le village. Le but final étant de se rendre à l'étage, et je ne sais par quel moyen ou stratagème, réussir à s'introduire dans la salle interdite, Le tout après avoir maitrisé deux gardes. Reste aussi la question de l'avenir. Que ferons-nous quand les gardes parleront. Je suis connu ici. Bien que peu loquace, les habitués connaissent mon visage, mes habitudes. Devant l'immensité de tout ce que je peux perdre d'un seul faux-pas, je m'interroge sincèrement sur la faisabilité du plan du Kitto. Lui à contrario semble sûr de lui. Tel un livre ouvert il expose son idée au grand jour, comme si, intérieurement il avait déjà réussi.

Pour reprendre le court de notre discussion, je me lève et m'assied sur la table. Portant ma main sur mon front dans le but de replacer une mèche rebelle tombante, sur le côté de mon oreille.



En croisant mes jambes, mon visage s'oriente vers le haut et mes yeux fixent machinalement le plafond.



Je sais déjà au fond de moi que j'ai grandement envie de refuser son offre. J'ai déjà beaucoup de problème avec la loi et l'autorité dans cette ville. L'idée qu'une infraction de plus vienne s'ajouter à un dossier déjà bien fourni ne m'enchante que très peu. Mais ça je le garde pour moi, et je m'applique à ne transmettre aucune émotion sur mon visage qui pourrait trahir mes pensées. Telle une statue, je reste de marbre. Au fond je suis quand même curieux d'entendre en détail le plan du Kitto. Ce dernier semble avoir déjà une idée bien arrêtée de ce qu'il envisage d'entreprendre.



Moi voix se calme et mon ton s'aggrave.



J'avoue qu'une certaine curiosité enivre mon âme. Apprendre et découvrir ont toujours été pour moi des leitmotivs qui ont dirigé ma vie et guidé mon existence pour me faire grandir et devenir l'homme que je suis aujourd'hui. En tous cas, pour les bons côtés de l'homme que je suis devenu. Mais d'un autre coté le risque étant grand, trop grand. D'autant plus que même sans l'accompagner je risque gros dans cette affaire. Si il se fait attraper je pourrais devenir un complice dans son délit. Nous avons été vus ensembles, lui et moi. Ici à ce bureau, dehors sur le perron. Je dois gratter un peu plus, et peut-être le dissuader de passer à l'acte, le tout sans faire transparaitre mon potentiel refus. Laissons le expliquer son plan en détail.

J'avais finalement réussi à éveiller l'intérêt de l'Uzumaki. Ce dernier assoiffé de connaissance ne manquerait probablement pas une telle occasion. Ses mots ne firent que confirmer ma pensée. L'idée d'avoir accès à autant de savoir à portée de main. Pourtant, il craignait les choses que l'on pourrait découvrir là haut. Et il avait raison, cependant j'avais un doute quant au fait que de tels choses se trouvent ici, derrière une risible porte gardée de deux gardes seulement. Je soupirais à nouveau en l'écoutant, n'était-ce pas excitant d'avoir l'occasion d'en savoir plus ?



Pour ma part, j'étais fixé, avec ou sans lui j'entrerais dans cette pièce.
Restais à savoir comment procéder. J'avais bien une idée, mais elle était risquée et elle reposerait en partie sur les capacités d'Hoshi à rester calme une fois à l'intérieur. Je comptais aussi sur sa connaissance des lieux, elle pourrait nous aider pour sortir d'ici discrètement. Mais je ne comptais pas lui révéler la totalité du plan. D'un sourire presque narquois, je m'adresse à lui en le regardant dans les yeux :



Je marque une très courte pause, ne lui laissant pas le temps de me couper j'enchaîna, toujours à voix basse :



C'était la partie dans laquelle Hoshi allait avoir la plus grande importance, je comptais sur lui.



La manière de sortir, l'heure. C'était les seules infos que je voulais bien lui réveler, le reste de mon plan était trop fragile pour lui en sortir le moindre mot, mais j'avais confiance en mes capacités, la seule variante restait sa capacité à garder son sang froid.

Comme j'aurai pu le deviner, le plan du Kitto n'est pas claire. Au milieu des explications peu convaincantes et disséminées avec parcimonie, je tente tant bien que mal d'essayer de comprendre, de recoller les morceaux de son plan. Beaucoup trop de paramètres hasardeux le constituent et cela ne m'incite pas vraiment à le suivre et peine à me convaincre.

Je lance un regard panoramique autour de moi, autour de nous. Je m'assure que personne ne nous n'observe de manière appuyée ou même pire que quelqu'un nous écoute. J'ai beaucoup trop à perdre dans cette bibliothèque. En parcourant les lieux du regard je prend soudainement conscience à quel point il est important à mes yeux. Il a toujours était un refuge pour moi, qui à su m'accueillir à bras ouverts dans chaque période de ma vie. Cette bibliothèque m'a vu évoluer et grandir. J'y ai appris et découvert. Et elle avait encore beaucoup de choses à m'offrir au travers de ces livres et parchemins que je chérissais bien plus encore que n'importe quelle compagnie humaine. Le Kitto y compris.

Etant convaincu de la suite que j'allais donné aux événements, je ne porte que très peu d'attention à la fin des explications de mon interlocuteur. Lui semble persuadé de ce qu'il avance, ce qui est tout le contraire de moi. Un soupir interminable s'extirpe de ma bouche. Mes yeux lentement se ferment.



A vrai dire je n'en sais rien. En fouillant dans ma mémoire il me semblait en effet que des barreaux étaient disposés aux fenêtres de l'étage supérieur. Mais comment en être sur ? Voilà bien de longues années que je n'ai pas été baguenauder à l'étage de la bibliothèque. Nous pourrions aller vérifier. Mais quelle serait la bonne excuse pour que deux personnes lambdas comme nous se promènent à l'étage sans raison précise. Barreaux ou pas, mon intention était là bien plus de le dissuader que de l'aider à améliorer son plan.



Mon ton est devenu un peu plus grave. Je peux sentir en lui toute la flamme de la volonté bruler de manière vive. Si il met son plan à exécution je risque bien trop gros. Je pose doucement ma main sur son épaule et lui lance d'une voix calme.



Avant tout pour me couvrir moi même de ses méfaits, je dois le convaincre de ne pas agir. Nous avons encore beaucoup de livres, d'articles et autres écrits à traiter et étudier concernant ses pupilles. Cependant plus notre discussion avance plus je prends conscience que tout cela me semble n'être qu'un prétexte. Depuis le début son dessein est claire, il à prévu de forcer la salle interdite, les recherches n'étant qu'un subterfuge pour attirer une pauvre âme dans son plan tordu. Je ne serais pas cette âme, complice manipulé par l'homme aux pupilles rose.



Si il refuse, alors c'est claire et limpide. Il n'a que faire de ces recherches. A ce moment là ça ne serait plus une supposition, mais des faits. Mon regard se pose sur les escaliers qui monte à l'étage. Je projette déjà dans ma tête les images de son échec. Je le vois lui, arrêté par les gardes, ligoté, menotté. Je le vois également puni et châtié par les autorités. Même en y forçant mon esprit je n'arrive pas à imaginer le succès de son entreprise. Je me retourne vers la table, faisant face aux livres ouverts et lui lance d'un ton dramatique :

Ainsi j'avais mal jaugé la curiosité de mon nouveau camarade ? Tant pis me dis-je, avec ou sans lui j'avancerai. Sa réticence ne manqua pas de me décevoir. Mes intentions étaient pourtant claires, je ne voulais que pénétrer dans cette pièce afin d'y trouver l'objet de mes recherches. Dans cette pièce se trouvaient sûrement des documents plus intéressant pour lui que pour moi. Enfin, l'Uzumaki tenta de couper court notre conversation pour nous remettre au travail.
Avait-il peur que je me serve de lui ? Il est vrai que ça aurait été le cas, mais rien de plus grave que de passer ses journées à se doser le nez.

Bref je ne comptais pas lui forcer la main, déjà que j'avais peu confiance en cet homme... C'est alors qu'il s'apprêtait à se remettre à travailler, je dégagea sa main de mon épaule avant de pousser un long soupir.



J'étais déterminé à en savoir plus, alors pendant qu'il continuerait de bouquiner, j'attendrai le bon moment pour agir. Personne ne saurait ma présence là-haut, mon plan allait fonctionner j'en étais certain.
Mais à mon grand étonnement Hoshi n'était pas cet avis.



Lui m'arrêter ? Ce pauvre drogué se croit-il capable d'une telle chose ? J'aurais été bien curieux de savoir comment, sa consommation le rendait peu crédible à mes yeux.
Ainsi, je me relève, pose mes deux mains sur la table tout allant chercher un contact visuel avec l'Uzumaki, je voulais voir la conviction dans ses yeux.



Cela avait tendance à me faire sourire. Je n'avais aucune idée de ce dont cet homme était capable, et l'idée de créer une rixe au beau milieu de la bibliothèque semblait être une plus mauvaise idée encore que de s'infiltrer dans les archives de l'étage.
Je poussa un léger rire, j'allais finalement en rester là.



Je me redressa alors totalement, je saisis l'un des livres dans ma main avant d'en arracher un petit bout de papier. Le respect du matériel ? Peu importe.
Je rédige alors quelques mots sur ce papier avant de le faire glisser vers l'Uzumaki.



Je regarde les rapidement les livres encore présent sur la table, je me saisis de deux d'entre eux avant de tourner les talons.



Remettant mon écharpe en place, je me dirige vers la sortie, laissant l'Uzumaki retrouver ses habitudes : seul à sa table.

L'homme est donc déterminé. je sais à présent que quoique je dise ou quoi que je fasse. Je ne pourrai le résonner. Pourtant je vais quand même essayer de l'arrêter par tous les moyens. Non pas pour lui venir en aide, mais avant tout pour me dédouaner. Tout le monde présent dans cette bibliothèque m'a vu en sa compagnie. Si son plan hasardeux est voué à l'échec, je serai rapidement inculpé en tant que complice dans cette affaire et ça je ne peux absolument pas me le permettre.

Le Kitto me tend un bon de papier que je récupère. Je jette un coup d'oeil rapide sur les inscriptions qu'il vient de marquer dessus tout en écoutant son explication. Il ne compte pas lâcher le morceau et continu tant bien que mal d'essayer de me faire prendre part à ses plans. Mais je ne craquerai pas. Malgré toutes les substances qui parcourent mon corps à ce moment même j'arrive à conserver un semblant de lucidité. Les enjeux pour moi sont trop grands pour me permettre ces injonctions.

C'est avec un air dédaigneux et un ton agacé qu'il tourne les talons, en emportant avec lui un livre. Comme je le pensais à juste titre. Il n'a que faire des recherches sur son oeil. Son plan initial et bel et bien de pénétrer la chambre interdite par tous les moyens possible. Notamment celui de la manipulation. Piège dans lequel je me suis refusé de tomber aujourd'hui. Je regarde l'homme de dos, quitter les lieux. Notre rencontre bien qu'intense avait été brève et furtive. Pourtant j'en suis persuadé, nous allions être amené à nous revoir.

Les yeux fixés sur sa silhouette, je commence à prendre en considération l'ensemble des tenants et des aboutissants d'une telle situation. Et si j'avais mon épingle à tirer de tout cela? En dévoilant mes cartes au bons moment je pourrai surement profiter de tout cela pour en ressortir plus fort, et grandit. Je me dois de tenter le coup. Bien que lucide, je suis parfois joueur. Ce qui a pu, par le passé me jouer de mauvais tour. Je m'empresse de rabattre ma capuche sur mes cheveux, et me dirige vers la sortie en laissant sur mon bureau l'ensemble des ouvrages que nous avions accumulé. Le pas pressé, je passe le seuil de la porte, et attrape son bras pour qu'il se retourne et qu'il m'écoute.



Ma main se dessert de son bras, et plonge dans ma poche pour récupérer une cigarette une nouvelle fois. Je la porte à ma bouche, l'allume, et inspire.



Je passe devant lui, commencent à m'engager dans la ruelle, puis je m'arrête dos à lui.



Sur ces mots, je m'engage dans la ruelle, me mêlant discrètement à la foule, je disparais dans le flot continu des passants qui défilent sur l'allée centrale. A-t-il bien compris les propos, m'attendra-t-il ? Il le faut, je l'espère.

Mes paroles avaient fini par avoir raison de l'Uzumaki. Alors que je descendais les marches à l'extérieur de la bibliothèque, l'on m'attrapa le bras. Je tourna lentement le regard sur cette main, j'avais horreur d'être touché par des inconnus, même par mes proches à vrai dire.
Puis je relevais les yeux pour voir le visage d'Hoshi.



Le drogué avait besoin de temps ? Pour quelle raison ? Mon plan aurait pu se faire dès ce midi s'il avait été moins réticent à me faire confiance. Mais soit, j'allais lui laisser cette semaine rien que pour voir ce qu'il allait préparer. Je fixais ses yeux, pouvais-je avoir confiance en un tel homme ?



Lui dis-je d'une voix calme. Suite à quoi l'Uzumaki me tourna le dos et rejoignit la foule. J'allais attendre une semaine de plus avant de pouvoir espérer mettre la main sur ce que je recherchais, mais j'avais besoin d'une seconde main pour me débarasser des gardes.
Je repartis moi aussi de mon côté, la tête plongée dans mes pensées je ne fais pas attention à ce qui se passe autour de moi, d'un coup d'œil j'observe une dernière fois la bibliothèque. La réponse que je cherche se trouve-t-elle entre ces murs ?