L'homme revenu, ce dernier n'oublia pas toute sa nonchalance qui faisait de lui le bougre qu'il était. Prenant mon visage entre ses grosses mains il m'enfonça une boule en caoutchouc dans la bouche. Le genre de boules qu'on donne aux futurs exécutés ou encore le genre de boules qu'on retrouve dans la bouche des demoiselles, ou de ces messieurs durant une orgie un peu trop sadomasochiste à mon goût.
La main de la main posée sur mon visage ce dernier m'électrifia et me brûla à la fois, histoire d'être sûr que je ne ressemble plus qu'à l'homme sans rien que j'étais, à l'homme sans foi ni loi, l'homme sans conscience, l'homme sans nom....
D'ailleurs Yin, c'était un beau nom, un nom certes qui sonnait féminin mais qui allait très bien à l'homme maintenant défiguré que j'étais. Il n'y avait pas été de main morte, mon visage ne ressemblait à rien, on aurait dit le dessus d'un gratin avec des yeux et une bouche de traviole. Finalement il m'avait réellement tout enlevé. Ma personnalité, mon honneur, mon identité, mon esprit ainsi que même mon apparence !
Alors que Shin mourrait dans les éclairs assourdissant s'élevait un nouvel homme, un homme fait de ça plutôt que de sur-moi, un homme aux désirs presque aussi fou que la laideur de son visage... Un homme très ténébreux. Son nom....YIN !
Le grand Maître s'en alla et me laissa seul dans cette pièce, détaché. Devant moi se trouvait un sac dont j'avais formellement l'interdiction d'ouvrir... Dans mon ancienne vie j'aurais sûrement laissé ce sac, effrayé par la puissance de l'homme, par les sévices dont il aurait pu m'accabler. Dans ma nouvelle vie je n'ouvrai pas le sac non plus, non pas que le désir n'était pas là, mais le créateur, l'homme qui m'avait fait renaître avait dit non, jamais n'oserais-je défier le créateur ! Je n'étais pas fou....quoi que si.... mais je n'étais pas SI fou !
Pendant plusieurs jours ce dernier me laissa me nourrir à mon aise. Tout d'abord ce fut de seaux de sang histoire que je n'ai pas à tuer ni à boire dans le corps d'un homme, après tout le maître était miséricordieux, il comprenait que je n'étais qu'un jeune vampire et que boire dans un tel flacon qu'est un homme m'effrayait, même si à vrai dire la faim était bien plus forte que la raison !
Puis les jours passèrent, deux pour être exact avant que je ne vois défilé devant moi un homme mort. Voilà qu'un bien beau récipient ce présentait à moi, je n'avais pas peur, il était mort, de toute façon si je ne buvais pas son sang ce serait du gâchis et dieu sait qu'il ne faut pas gâcher !
Le jour suivant une femme, vivante, fut lâchée dans ma cage, elle criait, elle avait peur. Moi je souriais et gargouillait, j'avais faim. Elle criait :
« M. LE MONSTRE, ME TUEZ PAS ! S'IL VOUS PLAÎT, ME TUEZ PAS ! »
Son sang coulait finalement sur le sol et glissait dans ma bouche, je m'étais nourri d'elle, aucune pitié, elle n'était plus ma race, elle n'était rien à mes yeux qu'un déjeuner ou un dîner,... Après tout j'étais devenu...
un monstre !