Alors que nous avions les clefs en main, nous étions montés à l'étage supérieur sous le regard stupéfait des clients de l'auberge. Il fallait dire que nous ne passions pas à travers. Kuraso se baladait avec une épée digne des plus grosses sur l'épaule, et moi possédait six sabres accrochés à mon dos. Bien que chacun d'entre eux avait conscience d'être non loin du village de Kumo et ses ninjas, rare était ceux qui voyageait avec une telle artillerie.
Une fois dans la chambre, j'entreposais chacun de mes sabres contre l'un des murs, et détachais les poids que je portais au tibia pour les faire tomber dans un bruit lourd sur le sol. Kuraso devait probablement me prendre pour un fou que de voyager avec une telle charge supplémentaire. Mais ceci faisait partie intégrante de mon équipement de combat. Mes poids avaient deux utilités, la première était celle d'augmenter considérablement la force de frappe de mes coups. Secondement, lorsque je perdais l'avantage, je m'en débarrassai pour atteindre une vitesse supplémentaire et ainsi surprendre mon adversaire. Tout était stratégique.
Nous descendions après un certain moment dans la salle de restauration, à nouveau sous le regard des clients. Je n'en tenais guère rigueur et m'installai à la table indiqué par le patron.
« Tu as pas de lit chez toi ? »
Je ne comprenais pas ce que voulait dire le Hattori, il était évident qu'il n'était pratiquement jamais parti en mission extérieur et vivait constamment au sein du village, qu'est-ce qui l'empêchait donc de dormir dans un lit ?
« C'est souvent ainsi, un changement en entraîne un autre. »
Je n'appréciait guère le fait qu'il évoque la mission au milieu d'une salle pleine de commerçant en tout genre. Je ne désirai pas que ceux-ci puissent parler à chaque personne qu'il croiserait. Bien évidemment, ils n'étaient pas dupe et armée comme nous l'étions et à seulement quarante kilomètres de Kumo, il était évident que nous étions en mission. Mais je ne voulais pas qu'il en dise de trop par inadvertance... Pour autant, je ne le repris pas...
« Non, je n'ai ni famille, ni femme, ni enfant. »
Je n'étais pas attiré par ce genre de chose, si lui pensait que cela permettait de rendre fort, j'étais persuadé du contraire. Certain que l'affection pour autrui était une source de faiblesse et une faille dans notre système de défense... Pourtant, depuis que j'avais frôlé la mort contre le Roi des Kenketsu, je ressentais davantage ce besoin d'exister pour autrui autre que pour mes capacités militaire...
« Qui sait peut-être un jour, je tenterai de créer une véritable relation amicale avec quelqu'un... »
Je m'ouvrai légèrement à lui. J'espérai qu'il n'allait pas me tanner à propos de cela durant des heures...
« Et toi, parle moi de cette femme pour qui tu as un intérêt certain. »
En réalité, sa vie privée ne m'intéressai pas tellement. Mais, n'était-ce pas ça les normes sociales ? S'intéresser à la vie d'autrui ? Et puis, je désirai prendre conscience de est-ce que cette femme était une faiblesse pour lui et ainsi un risque pour la mission...