Tu t’étais arrêté dans ce village, à la recherche des éventuels blessés. Tu ne savais pas ce qui te portais à aider les gens comme ça. Tu ignorais si c’était par pur altruisme, ou par intérêt personnel. Plus tu soignais des patients, de surcroît ninja, plus tu te rapprochais de ton propre salut. Au fond, c’était peut-être ça qui t’animait. Comme toujours. Cette peur irrépressible d’une mort imminente, d’un destin inévitable.
Tu avais une date limite de vie, comme chaque humain. Sauf que toi, tu étais conscient de chaques secondes qui s’écoulaient. Tu n’avais pas de temps à perdre, car depuis que cette petite marque noire était apparue, tu te savais en course contre la montre, en quête de l’immortalité. En quête d’un éventuel remède. Que ce soit dans la médecine ou dans la nécromancie. La frontière entre les deux était extrêmement floue.
Tu te doutais que la réponse à ton problème se trouver dans le sang des vampires. Ce fameux « clan », ou ces individus partageant la même maladie du sang, et qui ne vieillissait plus. Tu aurais pu choisir la voie facile, et accepter l’étreinte pour te rendre immortel. Mais, sans que tu ne puisses savoir pourquoi, quelque chose te répugnais à rendre cette idée plausible. Après tout, à quoi bon troqué une maladie par une autre ? Ce fondement illogique, ce raisonnement irrationnel qui pouvait être propre à l’être humain désespéré, ne t’appartenais pas. Tu choisissais toujours la solution la plus efficace. Jamais la plus simple, ou celle qui était le fruit d’un raisonnement illogique.
C’est pourquoi, tu t’étais installé dans ce bâtiment désaffecté, un peu loin de ce village. Loin du bruit, des questions, des regards. Mais suffisamment proche pour qu’on te demande de l’aide si besoin. Tu t’étais présenté comme un médecin itinérant, ce que tu étais, du moins, une partie de ton histoire. Et ils n’avaient pas posé plus de questions.
Lorsque tu entendis la grosse porte métallique s’ouvrir, tu récupéras ton masque. Et tu t’avanças vers l’entrée. Tu y découvris un visage étonnement familier. Tes souvenirs à son sujet étaient extrêmement clairs. Il s’agissait d’un membre de ton clan. Enfin, en partie. Il était malade. La « Sanguinaris Vampinaris ». Et maintenant, il était blessé. Il avait survécu pendant tout ce temps ? C’était fascinant. Et inquiétant. Il n’avait pas du tout changé. Pas même une ride en plus.
Tu sortis de l’ombre, un masque de corbeau sur le visage.
« N’aie crainte, jeune homme. Je ne te veux aucun mal. »
Tu t’avanças, prudent. Tu ne savais pas s’il était assoiffé. Certains Kenketsu maîtrisaient encore mal leur soif, même avec un grand âge.
« Appel moi le Corbeau. Je suis médecin. Je vais t’aider. »
Ta silhouette pouvait paraître inquiétante. Mais tu avais une voix calme, douce et posée. Tu n’avais pas peur.
Tu replongeas dans l’ombre, et tu te dirigeas dans un couloir. Là, tu poussas une grosse porte, et dévoilas une pièce rustique, mais aménagé et propre, avec un feu, de quoi manger, boire et se réchauffer.
Tu sortis d’un sac une crème, et des bandages.
« Maintenant, installe-toi, et raconte-moi ce qui t’est arrivé. Et qui tu es. J’en aurais besoin, si je veux te soigner correctement. »
Une phrase innocente, mais pourtant lourde de sens.