Emprisonnement de Sana

Il était là, les jambes tremblantes, les yeux mi-clos, à attendre patiemment son heure. C'était long. Un coup de kunaï dans la trachée aurait été bien plus expéditif. Bien plus vite. Bien plus douloureux.
Son souffle était saccadé, lourd, il se sentait épuisé et ne tarderait pas à s'écrouler. À peine conscient, il bougea silencieusement ses lèvres. Aucun bruit. Rien que les sanglots de Kazami.
Alors il réessaya. Elle allait le tuer de toute façon, il pouvait bien lui avouer son affection pour elle. Avant qu'il ne soit trop tard. Il pouvait lui dire, ça restera leur secret. Il n'allait pas emporter ça dans sa tombe.
Un grincement de porte résonna dans ses tympans mais il ne se sentait même plus capable de se concentrer, ni même de tourner la tête. Sa motivation s'envolait avec son énergie. Kazami lâcha sa main, ses genoux claquèrent sur le sol de la pièce. Pourquoi s'arrêtait-elle ? Il n'était pas encore mort. D'où venait ce brouhaha ? Ne pouvait-il pas mourir en silence ? Il voulait se laisser aller, il voulait oublier. Il était fatigué. Il s'oublia.
        Le choc de son crâne sur les dalles de la pièce résonna dans le cachot. La tête sur le côté, il repéra vaguement une nouvelle tignasse rouge. Décidément, les Uzumaki lui pourriraient toujours la vie. Ses yeux se fermèrent sur cet homme, mystérieux. Il était fatigué.

Après mon irruption dans la cellule, la jeune femme avait posé un genoux à terre en signe allégeance et de respect envers moi. C'était un geste fort, honnête et amble. Je ne pouvait l'ignorer. Ainsi, tout en observant le crane de Nakatsu percuter le sol d'une façon peut agréable, je m'approcha de la jeune femme. Tout en lui posant la main sur l'épaule afin qu'elle se relève je demanda:



Je lui avais souris, comme pour la rassurer. L'apaiser. Après tout, je ne devais pas l'effrayer. Peut-être allait-elle être utile pour réveiller ce traître bavant sur sol gelé de cette sombre prison.



Je n'était conscient, ces dernières paroles n'étaient guère digne de mon rang, de ma position. Cependant, j'avais assez vu cet homme dernièrement. Il était temps qu'il cesse de m'importuner.

Gekido lui posa une main sur l'épaule. C'était une grande main musclée sur une petite épaule fragile. Cela l'apaisa un instant. Puis il lui demanda pourquoi elle pleurait. Tout son corps se crispa, son coeur se mis à accélérer. Non, non, non ! Elle ne voulait pas passer pour la petite faiblarde qui pleurait ! La rouquine ne put répondre immédiatement. Elle avala avec difficulté sa salive et lâcha finalement :



Des mots douloureux, qui lui transpercèrent la poitrine allant frapper directement son coeur. Ses larmes remontèrent mais elle les stoppa net. Il était hors de question que l'Hokage, celui qu'elle idolâtrait tant, la voie ainsi.
Réveiller Nakatsu. C'était ça qui lui demandait ? Kazami pensait en avoir finit ... Mais si Gekido-Sama lui ordonnait, alors elle s'y plierai sans hésiter. Elle se releva de sa position d'allégeance, et vit qu'elle n'était pas bien grande comparé à l'Hokage. Elle ressemblait à une petite biche face à un gros lion.



Elle regarda l'Hokage-sama dans les yeux. Ce qu'elle allait dire maintenant, elle aurait aimé que ce soit quelqu'un d'autre qui lui dise. Juste pas elle. Mais son allégeance envers le village et surtout les Uzumaki ne put la faire taire plus longtemps.



Elle tourna alors la tête vers le corps de Nakatsu. Il était étendu sur le sol, à moitié conscient, avec un peu de bave au coin de la joue. Son coeur se serra un peu plus. Elle aurait aimé ne pas s'en approcher, mais elle n'osait même pas imaginer mentir au Kage en disant qu'elle ne savait pas le ramener.
Kazami s'approcha donc du légume, s'agenouilla près de lui et posa les mains sur son torse. Elle regarda une dernière fois le visage souffrant de qui était son ami et se concentra alors sur ses mains.



Nakatsu allait se réveiller avec un bon mal de crâne. Allait-il essayer de la tuer juste après ? Il en aura pas la force, c'était certain ... Mais ce qui comptait, c'était l'intention. Juste avant de tomber il lui avait déposé un baiser sur le front. Peut-être l'aimait-il aussi ?

Tandis que le chakra du corps de Kazami s'en allait, celui de Nakatsu gonflait.

Elle était son amie. Et, bien qu'elle semblait dire cela avec simplicité et spontanéité, elle semblait également honteuse. Mais cette honte était dû au fait que Nakatsu soit un traître et non un Chikara. Ainsi, certain Uzumaki ne ressente aucune haine envers les Chikara. La Prêtresse aura peut-être raison finalement. Peut-être que Konoha connaître l'unité prochainement. pensais-je surprise par la déclaration de cette femme. Cependant, je ne pouvais que comprendre cette honte. Cette gène. Avouer connaitre un traître n'était pas une chose évidente. Surtout devant un Kage. Surtout lorsqu'il s'agissait d'un ami. Un ami. Cela faisait longtemps maintenant que je n'avais plus eu personne à appeler ainsi. Ceux que je considéraient, autrefois, comme mes amis -mes frères- étaient à présent des fantômes d'un passé heureux révolu. Ils étaient, pour la plus part, décédés dans ce combat -aujourd'hui terminé- qui nous avait opposé aux Chikara. Et, bien que leur mort affectait encore mon jugement, je m'apercevait que certain ninja -ceux de la nouvelle génération- était plus enclin à oublier ce sanglant passé. Peut-être était-ce une bonne chose.

En revanche, il était hors-de-question pour moi d'oublier la traîtrise dont avait fais preuve Nakatsu. Il avait beau avoir copiné avec une membre de mon clan, il n'en restait pas moins un traître en ce sombre jour. Un sectaire devenu traître à cause de ses idées trop extrême. Cela ne m'étonnerait guère. J'avais remarqué le tempérament explosif de ce garçon lors de notre rencontre après "L'incident Jin". Et, j'avais également perçu une pointe de sectarisme dans sa façon de parler, de nous regarder: nous les Uzumaki. Cependant, je ne pensais pas qu'il irait jusqu'à trahir son village -et peut-être même trahir son clan- pour ses idées. Décidément, alors que certain était près à tourner la page, d'autre souhaitait de nouveau la salir.

J'écoutais ensuite Kazami m'expliquer comment, après déserté son poste pour effectuer une course personnelle, elle avait immobilisé tout le monde suite à l'intervention de Taram. Je vais donc devoir m'entretenir avec elle également. Et avec le Kitto Chasseur de Bête., pensais-je alors que Kazami essayait de ne pas aggraver le cas -déjà désespéré- de Nakatsu.



Je lui avais dit tout cela tandis qu'elle insufflait son chakra dans le jeune homme blond, inconscient.

Alors qu'elle ramenait Nakatsu, elle sentait le coeur du shinobi battre plus vivement. Quelle épreuve était-elle entrain de lui imposer ... D'abord elle l'avait vidé de son chakra, et maintenant elle le remplissait de manière agressive. C'était certainement pas très agréable.
L'Hokage la félicita pour ses actes, mais pourtant, Kazami ne sentit aucun réconfort dans ses paroles. Félicitée pour avoir fait emprisonner son ami ? Et encore, ce n'était que le début. Elle ne savait pas quels genre de choses l'Hokage allait lui faire pour le faire parler. Pourtant, se faire féliciter par une personne de son rang, c'était le meilleur compliment qu'elle pouvait avoir. Celui qu'elle recherchait constamment. Il ajouta également qu'il aimerait la voir pour savoir pourquoi elle avait déserté son poste. Sur le coup, Kazami fronça les sourcils. C'est vrai que vu comme ça ... Mais elle c'était absenté quoi ... 2 minutes ? Mais le Kage avait raison. Il avait toujours raison. La rouquine ne pouvait qu'en subir les conséquences.
Elle l'écouta attentivement, hocha la tête en signe d'approbation. Trouver ce gros bonhomme allait être un jeu d'enfant.



Alors qu'il eut finit de parler, Nakatsu ouvrit faiblement les yeux. Kazami se força de ne pas le regarder, injecta encore un peu de chakra et se leva, comme lui avait ordonné son Kage. Elle rejoignit ce dernier à ses côté, face au corps de Nakatsu qui semblait reprendre ses esprits. A présent, elle avait une boule dans le ventre. Qu'allait-il se passer ? Tout ce qu'elle espérait, c'était que Nakatsu ne résiste pas.

Un voile blanc s'était placé devant ses yeux et pourtant, il avait un pressentiment. Comme si son âme était rattachée à cette terre, comme si la mort se faisait désirer encore et encore pour finalement le repousser, là, lui interdire de traverser le fameux tunnel.
Épargné, encore une fois. Son heure était repoussée. Pas de beaucoup, certes, mais il sentait son cœur se démener pour donner encore une pulsation. Encore une. Sa vue devint moins floue, il sentait la vie revenir peu à peu dans sa carcasse. Pourquoi ?
Lentement, il détourna un oeil sur sa meurtrière et sauveuse. Kazami. À quoi jouait-elle ? Quelques mots parvinrent à ses oreilles. « Ami », « déserté », « manger ». Où était-il déjà ?
Sentant ses muscles se réveiller et se réchauffer lentement, Nakatsu fit un effort qui lui parut surhumain pour poser son menton sur la dalle. Sa tête lui lançait sévèrement.
        À peine réussit-il à faire ce mouvement pour reconnaître la pièce, la medic-nin se recula sous les ordres de son Hokage. Nakatsu la suivit des yeux, on aurait un drogué, un vrai légume. Son regard se posa alors sur la deuxième personne présente. Gekido. À sa vue, Nakatsu sentit ses lèvres vouloir s'étendre et se tordre en une grimace arrogante mais peut-être n'était-il même pas assez réveillé pour se moquer ouvertement de son supérieur.

        En silence, il remit ses idées en place, attendant que son corps réponde à nouveau aux ordres de son cerveau. Il se laissa rouler sur le côté, puis sur le dos.
Qu'allait-il advenir de lui, maintenant ?

Tandis que Kazami prodiguait les premiers soins, ou plus exactement réparait son erreur, je me mis à observer le jeune blond. Il était allongé à terre, comme endormi. Et, hormis le fait qu'il soit enfermé dans l'une des cellules de la prison de Konoha, rien ne laissait à penser que cet homme était un traître à son village. Et, pourtant, il avait fait entrer deux dangereuses créatures dans l'enceinte du village. Quel en était la raison ? Avait-il sciemment mis son village, et son clan, en danger ou avait-il été manipulé par les vampires ? Je me devais de mettre cela au clair. Et ensuite, d'y mettre un terme.

Alors que Kazami se déplaçait afin de me rejoindre, je vis le corps de Nakatsu bouger. Ainsi, Kazami avait réussi à le "ré-animé". C'était à présent à mon tour de jouer. Et, j'avais décider de me montrer clément avec cet homme.

Abandonnant quelques instant Kazami, je me plaça devant Nakatsu et, avant qu'il n'est pu prononcer un seul son, je l'empoigna avec force et fermeté avant de le placer sur chaise. Et, sans l'attacher, je me mis à lui dire:

Nakatsu se sentait nauséeux. Ses sens lui revenaient petit à petit et il commençait à bien distinguer les éléments autour de lui, mais ses membres étaient encore tout engourdis. Gekido se chargea de lui remettre les idées en place et le soulevant avec toute la délicatesse offerte à un traitre. Il le posa sur une chaise et Nakatsu cligna plusieurs fois des yeux pour remettre ses esprits en place. Bon, il n'allait pas être vif comme un pinson mais au moins il se montrera potentiellement réceptif. C'était déjà ça.
Tu as nui à ce village. Comme s'il ne le savait pas. Il y avait réfléchi hein... Ah bah non, en fait. Il n'y avait pas du tout réfléchi sur le coup.



Rectifia-t-il impunément. Cas critique ou pas, il refusait qu'on mélange tout. Et mentir à des Uzumaki ne le dérangeait pas le moins du monde, loin de là.
Ceci fait, il reprit un peu de sérieux -malgré quelques légers mouvements de tête qui lui donnait un côté trisomique sur le coup.



Les deux n'étaient probablement végétariens mais, au moins, Sana l'était. Ce n'était donc pas vraiment un mensonge.

J'avais raison. Ce garçon avait encore de la rancœur, de la colère contre le Clan Uzumaki. Je ne connaissait pas les raisons de cette rage à l'égard de mon clan, et je n'en avais que faire, mais je savais une chose: Elle n'était en cas tolérable en ma présence.



Alors, sans attendre, je lui décocha un coup de poing. Ce dernier percuta son nez avec autant de force que j'avais rage en moi. J'était certain de lui avoir cassé le nez. Et, lorsque je retira mon poing, je vis qu'il saignait. Ce liquide rouge, dont s'abreuvait les vampires, coulait abondement de son nez.



Alors que le sang coulait encore de son nez, j'eus une idée:

"J'ai mentit à des Uzumaki". Kazami vacilla, parlait-il d'elle ? Pourquoi dire ça maintenant ? Les paroles de Nakatsu ne ressemblaient pas aux rires qu'il avait put lui donner auparavant. Il semblait remplit d'une colère que la rouquine n'avait jamais vu. Elle se sentait mal, vraiment mal de ne rien avoir vu de tout ça.
L'Hokage tenait un discours encore plus féroce. Chacun de ses mots pesaient dans la balance et déstabilisait encore plus la kunoichi. Pourquoi tant de colère entre ces deux hommes ? Kazami connaissait les histoires des deux clans, mais c'était vieux tout ça, non ?
Sans qu'elle s'y attende, Gekido envoya son poing sur le visage encore pâle de Nakatsu. Elle retint un haut le coeur de surprise. Devait-elle vraiment assister à ça ? Voir son ami se faire massacrer sous ses yeux ? L'Hokage était-il entrain de lui faire la morale : "les Chikara sont des méchants" ? Elle ne pouvait que rester figée, à sa place, sans intervenir ni dire quoi que ce soit. Gekido était le maître de la pièce, les deux chuunins étaient à sa merci. La kunoichi appris alors que Nakatsu avait été battu par un genin Uzumaki. Tout s'expliquait .. cette gêne lors du combat, ce n'était pas parce qu'elle était une femme ... Mais parce qu'elle était une Uzumaki. Une rouquine, une personne du clan qu'il haïssait...
Kazami ferma un instant les yeux. Elle voulait disparaître, revenir en arrière ... Elle voulut pleurer mais toutes les larmes de sont corps étaient déjà partit. La rouquine était condamnée à regarder ce spectacle désolant de la haine de deux clans.

L'Hokage menaça alors Nakatsu de le mettre à la merci des vampires qu'il avait fait lui-même entrer dans le village. Kazami imaginait déjà la scène ... ses yeux s'abaissèrent pour regarder le sol ...

Il n'est plus ton ami. C'est un ennemi de Konoha donc ton ennemi. Tu dois te tenir droite et fière d'être aux côté d'Hokage-Sama.

Oui c'est ça. Elle devait se dire ça. C'était la seule chose à faire. Elle regarda alors Nakatsu comme un étranger et garda son visage impassible.

Une amie ? Une amie... Non. Elle avait fait son choix, il devait en faire de même. Elle avait essayé de le tuer et, bien qu'il n'ait pas voulu résister, il considérait ceci comme une trahison.
Elle n'avait rien d'une amie, malgré ce que lui disait son cœur.
Le coup qu'il prit dans le nez lui décocha un cri étouffé. Son nez avait craqué et lui faisait un mal de chien, il devait surement s'être cassé. Nakatsu grimaça avant de se repositionner correctement sur sa chaise. Après quoi cette pourriture qui se présentait comme son supérieur reprit son baratin tout aussi répugnant que sa personne. Oui, il les détestait tous. Même elle. Il chercha la moindre lueur dans le regard de la jeune femme, le moindre signe qui aurait encore pu le faire changer d'avis mais n'y trouva rien. Rien que le froid et l'indifférence. Son choix était fait : s'il mourrait, il le ferait en crachant un peu plus sur ce clan.
Un sourire sordide étira alors ses lèvres.



Il s'attendait à un autre coup mais il s'en fichait. De toute façon, il mourrait prochainement. D'une main ou d'une autre.



Des paroles dignes d'un fou, mais il n'en avait que faire. Il voulait juste cracher son lot de haine avant d'y passer et ne rien regretter.

Ainsi, la bêtise et l'entêtement de cet homme l'avait conduit à trahir son village. C'était à cause d'une querelle passé qu'il avait mis l'avenir du village en danger. C'était à cause de ressentiment obscurcissant son jugement qu'il avait préférer choisir l'ennemi plutôt que ceux qui aurait pu être ses amis. Finalement cet homme me fait beaucoup de peine, pensais-je. Il a vécu dans le passé beaucoup trop longtemps pour imaginer un avenir.

Cet homme n'était, à présent, plus qu'un fou dénigrant son village. Il n'était plus digne de porter le bandeau qui représentait notre village, puisqu'il lui avait tourné le dos. Un village est plus qu'un Clan. Un Village est plus qu'un passé. Un Village est endroit où la vie en harmonie est possible. Et cet homme avait brisé l'harmonie. Alors, sans hésité, je lui arracha le bandeau qui lui avait été remis quelques années auparavant. Et, comme pour qu'il s'en souvienne, je percuta le haut de son crane avec ma tête. J'avais mal mais ma douleur n'était sans doute rien comparé à celle du traître.