Il s’y attendait. En voilà une non-surprise. Mako Uzumaki le savait, Kitto Keisan était loin d’être né de la dernière pluie. Il le savait, car c’était en toute logique ce qu’il devait se passer. Il le savait, car il connaissait la Quadragénaire, et cette dernière n’agissait jamais sans avoir un plan derrière la tête. C’était d’ailleurs évident, lorsque l’on connaissait le style de combat de la dame de fer. Un style de guérilla, rurale ou urbaine. Lire dans les intentions adverses, avoir un coup d’avance, piéger ceux un peu trop confiant d’eux-mêmes… Sur un champ de bataille, ou dans des missions discrète, Mako Uzumaki était un Shinobi extrêmement efficace, brillant bien plus que sur des batailles de grande envergure.
Il était logique donc pour Keisan de penser qu’elle était venue ici directement pour placer ses pions. Après sa petite altercation frontale avec le Hokage Uzumaki, la récupération des preuves médicales, les recueils de témoignages bien trop nombreux pour étouffer l’affaire, elle venait ici cueillir une assurance. L’Assurance que les choses se feraient sans accrocs, dans l’idéal, en douceur. L’assurance que la vague grandissante reste une vague. L’assurance que Kitto Keisan, homme respecté du village, admiré pour sa neutralité, et sa capacité en tant qu’homme de l’ombre à maintenir la paix relative, serait de son côté au moment venu.
Oui, Mako Uzumaki déplaçait des pions, minutieusement et avec un sens tactique certains, afin que les choses se passent au mieux. Afin de remettre les choses sur les rails.
Était venue l’heure des conditions : Ne pas acculer Kimino. Un message subtil pour lui faire comprendre d’être un peu moins sévère avec l’Uzumaki ? Difficile, pas impossible. Mais difficile. Si Kimino restait fermer à la discussion, et campait sur ses positions, elle n’aurait d’autre choix que d’être plus… Tranchante.
La seconde demande était plus délicate : offrir du temps à l’Uzumaki. Même si cela interférait avec ses émotions, elle le savait, contre Gekido, perdre un homme comme l’actuel Hokage serait une perte non-négligeable. Voir dramatique. Il était difficile de juger exactement l’impact qu’aurait Kimino sur le combat qui s’annonçait.
Ces deux conditions posées, Mako prit une gorgée de whisky. Il était temps de parler de ses conditions, à elle. Mais avant…
« Très bien. J’accepte Keisan. Même si la seconde demande m’ait très difficile et coûteuse, je suis prêt à faire cet énième sacrifice pour le bien commun. »
Encore un. Mais ce ne serait sûrement ni le premier, ni le dernier. Rapidement, elle avait pris en compte les demandes de Keisan. Rapidement, elle avait modifié son plan, éclairé par les informations du mercenaire. Peut-être avait-elle, par cette simple initiative d’aller le voir, empêcher le pire.
« Je vais t’exposer mon plan, Kitto Keisan. »
Nous y voilà, le moment du verdict final. L’heure de l’élaboration était terminée. C’était désormais l’heure de la validation.
« Je vais attendre le retour de l’Uzumadôno pour la convocation du clan Uzumaki, qui définira la position commune du clan sur cette affaire. Dans l’idéal, j’aimerais qu’elle soit réglée en interne, sans fioriture ni accrocs. Si les Hokage le demandent, il y aura un jugement plus officiel, puisque cela concerne les rapports entre la hiérarchie, et donc, pourrait provoquer une crise de confiance de la jeune génération. Dans les deux cas, je poserais la condition temporelle et exécutoire : une fois la crise Gekido passée, Kimino sera jugé pour ses actes et de manière juste, même s’il est considéré comme un héros. »
Elle se tourna vers Keisan, le regardant droit dans les yeux.
« Je fais confiance en ton objectivité, mais si le jugement est truqué pour X ou Y raison, toi et moi iront rendre justice nous-même, et nous mettrons fin à la vie de Kimino Uzumaki, et déserterons si besoin est. Je veux ta parole, Keisan. »
Elle fixa pendant un long moment le mercenaire, une détermination sans faille sur son visage. Œil pour œil, dent pour dent. Il avait voulu prendre la vie de son fils, si le jugement paraissait clairement injuste, elle appliquerait justice elle-même.
« En attendant, je veux ton soutien. Afin de décharger Kimino de sa charge mentale et lui permettre de se focaliser sur l’essentiel, je souhaite revivifier les défenses du village. Je te propose la création d’une unité spéciale semi-indépendante chargé de la sécurité du pays du feu. Une unité d’intervention rapide, pouvant prendre des décisions sans pour autant référer directement à un Hokage. Nous aurions à rendre des comptes bien sûr, mais pas uniquement à l’un d’entre eux. Aux trois. C’est nécessaire pour assurer une vitesse d’action optimale, ainsi qu’une assurance qu’aucun des Hokage ne l’utilise à des fins personnelles. »
Elle bue une gorgée de Whisky.
« Une unité tactique d’élite « d’intervention précoce ». Je pense que le pays du feu à besoin de cette unité, ne serait-ce que pour s’occuper de Gekido dans un premier temps, et de la traque des déserteurs dans un second temps. La sécurité, mais tournée vers l’extérieur du village, et surtout, du pays. Ainsi, les Hokage pourraient s’occuper des affaires courantes. Je dirigerais cette unité pour nous occuper de réduire au maximum les effectifs de cet ennemi. Enfin, seconder par toi, bien sûr Keisan. On pourrait appeler ça l’Anbu, ou la Racine par exemple, le nom importe peu au final. »
Elle posa de nouveau ses yeux dans le regard du Mercenaire.
« Les détails du recrutement et de son caractère officiel seraient à la discrétion de nos Hokage. Mais je te veux pour me seconder. Et j’insiste, je veux être à sa tête. Si tu m’apportes ton soutien, alors je présenterai ce projet aux trois Hokage, en précisant ton approbation et ta qualité de second. »