J’avais, pendant un temps, été un simple médecin itinérant. Je n’avais pas réellement eu d’autres choix à vrai dire. Pour beaucoup ce fut le Kakusei qui changea leur vie, pour moi ce fut lorsqu’une grande partie de mon clan se retrouva annihilée et l’héritage de celle que j’admirais avec lui. Les Rihatsu n’étaient pas tous morts, mais nous étions tant éparpillés que nous pouvions difficilement appeler cela un clan. D’abord le massacre de Tekunoroji, puis l’invasion de Koya par l’Empire… les miens avaient été une cible, ni plus ni moins, nous n’avions même pas eu l’occasion de négocier. Une part de moi accusait évidemment Howari pour tout cela, son arrivée à la tête de notre confrérie n’avait pas aidé, même si je savais que notre destin avait été scellé bien avant cela. Nous étions gênants pour ce qui se construisait dans l’ombre, et je comprenais enfin pourquoi Mariko avait fait tout cela avant sa mort, elle était consciente de ce qui arrivait et voulait nous y préparer. J’avais échoué à accomplir ses dernières volontés, alors j’étais tout aussi responsable qu’Howari finalement.
Ma route me fit finalement faire la rencontre de cette Kirishitan il y a de cela presque deux ans. Au départ, je pensais que c’était une fille perdue, introvertie et effrayée par le monde, avant de réaliser que je me trompais totalement, car elle était tout le contraire. Elle m’avait expliqué mener un genre de quête, quelque chose qui lui permettrait d’aider son clan, ce qui de prime abord était louable mais loin de m’amener à voyager avec elle. Non, ce fut plus tard que nous avions trouvé un intérêt ou plutôt un ennemi commun. Depuis lors je l’accompagne, sans jamais réellement comprendre où nous allons.
Et une fois n’est pas coutume, elle recommençait à agir bizarrement. Je n’étais pas un navigateur et la Kirishitan non plus, arriver en vie jusqu’ici avec un bateau aussi petit relevait presque du miracle et elle voulait déjà repartir, à peine un pied posé sur le banc de sable. Je m’arrêtais alors, déjà presque exténué alors que j’essayais de tirer l’embarcation sur le rivage.
« Minute, on vient seulement d’arriver, qu’est-ce qui te fait être aussi sûre de toi ? »
Je n’étais jamais venu ici, et à vrai dire je me demandais ce que la Kirishitan espérait y trouver. Comme d’habitude, elle se montra peu explicite, me parlant simplement d’un « dû », ce qui admettons-le, pouvait tout et rien dire à la fois. J’avais néanmoins du mal à comprendre comment elle pouvait savoir aussi facilement que nous ne trouverions rien ici, d’aucun dirait que cette femme est un peu folle à vrai dire.
« Nous pourrions au moins jeter un œil, cela ne coûte rien. »