Éclipses


Zone co-administrée des Archipels du Sud - Futai-shō, Hirui-shima

Année 8 | Printemps

III. Les Éclipses du Sud
Daiki, désormais seul, retrouve Hinae pour avoir des explications sur la lettre qu'elle a envoyé aux rebelles quelques mois plus tôt

Dialogue de personnage
« Oui c’est bon, merci. »


Dit alors le Kitto, remerciant le capitaine de ce bateau avant de descendre. Effectivement, Heiwa l’avait laissé aller à la recherche de Hinae tout seul, donc il était là, venant d’arriver à Hirui-Sama. Tout ce qu’il avait désormais était cette lettre de Hinae. Lors de son trajet privé, il l’avait lu, relu, décortiqué de toutes ses lignes. Daiki comprenait alors pourquoi Heiwa tenait absolument à retrouver Hinae, cette lettre était… de mauvais présage. Elle décrivait avec précision des événements climatiques pour le moins… graves. Des mots étaient compliqués à mettre sur la description du contenu de cette lettre, cela dit, elle était inquiétante, et c’était le plus grave. Des phénomènes nocturnes et des éclipses n’étaient pas des phénomènes normaux. Le Kitto espérait pouvoir trouver des réponses.

D’ailleurs, il savait plus ou moins où aller, cette île était particulière mais Hirui-Sama n’avait jamais perdu personne, l’adresse qui se trouvait en bas de la page ne pourrait alors que l’aider. Il parcouru les rues, demandant à droite à gauche où se trouvait telle rue ou tel quartier. Il marcha au sein de la ville pendant longtemps, trop longtemps. Son sens de l'orientation - d'habitude plutôt bon - ne l'avait pas aidé sur ce coup là.

Mais enfin, maintenant il était devant cette maison, et il toqua à la porte, se tenant devant en attendant qu’on lui ouvre. Et puis, si elle n'était pas chez elle, il finirait bien par la trouver dehors.

Avant-hier vers 03h

Lys épineux

Kagero ne s’était nullement préparée à ce qu’elle découvrit : la maison, but même de sa présence ici, se dressait bien devant elle, mais le paquet qu’elle espérait retrouver avait disparu. Ce fut une douche froide. Elle réalisa qu’elle ne cherchait pas tant à comprendre le présent qu’à se raccrocher à une vision idéalisée de son futur. La Miwaku avait toujours été ainsi : avançant vers ce qu’elle croyait être sa destinée, quitte à se voiler les yeux sur la réalité.

La bâtisse, d’apparence banale, exhalait pourtant quelque chose d’étrange. Les volets pendaient, les planches grinçaient au moindre souffle de vent, et l’air ambiant portait cette odeur légèrement âcre des lieux trop longtemps fermés. D’après les habitants, cette demeure était liée à la disparition récente, et ses occupants étaient les seuls à pouvoir avoir eu un lien avec des utilisateurs d’énergie.

À l’intérieur, rien de spectaculaire… du moins en surface. Les murs nus révélaient des ombres plus claires là où des meubles avaient été déplacés ou retirés, dessinées par les caresses obstinées du soleil. Le propriétaire avait voulu effacer quelque chose, et cela se voyait. Les pièces sonnaient creux, comme vidées à la hâte.

Un vieil homme aveugle du village, qu’elle avait interrogé plus tôt, lui avait parlé de deux sœurs. Pourtant, la maison ne contenait que deux lits : l’un large, usé, sans doute celui d’un père ; l’autre, plus étroit, parsemé de couvertures colorées, appartenait à une fille d’âge mûr si l’on en jugeait par les ouvrages soigneusement empilés sur une étagère ; philosophie, récits d’aventures, quelques carnets griffonnés ainsi que des objets modestes, témoins de ses hobbies. Mais pas la moindre trace d’une deuxième chambre, ni d’un troisième lit. Même les cadres étaient absents des murs, comme si la maison refusait de garder mémoire d’une autre présence.

Un local, goguenard, s’était moqué d’elle quand elle avait cherché à savoir si d’autres événements mystérieux avaient eu lieu, en dehors des étranges éclipses. Sa réponse avait été un éclat de rire : « Si la présence de l’Empire te paraît normale, alors rien d’autre ne l’est. » Voilà qui confirmait leurs patrouilles récentes sur l’île. Une pensée glaçante la traversa : et si les propriétaires avaient déjà été arrêtés, emmenés par les soldats ?

Elle murmura pour elle-même, dans un souffle qui se perdit dans le silence des lieux :

Dialogue de personnage
« Je ne pensais pas devoir me mêler aux forces impéri… »

Toc, toc, toc… !?

Un bruit sec retentit, brisant la torpeur. Son cœur s’emballa. Qui pouvait bien frapper ? L’Empire ? Peu probable : si les gardes étaient au courant, ils n’auraient pas eu la courtoisie de toquer. Peut-être le retour des mystérieuses filles évoquées par le vieillard ? Si c’était le cas, c’était une occasion inespérée d’en apprendre davantage.

Elle jeta un rapide coup d’œil autour d’elle. Aucune fenêtre ne permettait de voir dehors sans être vue. Le silence retomba aussitôt, pesant, seulement troublé par le battement régulier de son cœur dans ses tempes. Inspirant profondément, elle se glissa à l’angle de la porte, son dos plaqué contre le mur. Là, tapie dans l’ombre, elle attendit, chaque muscle tendu, prête à bondir si l’inconnu avait l’audace d’entrer.

Avant-hier vers 20h


La chevelure blonde resta plantée devant la porte pendant près d'une minute, Daiki se faisait des scénarios, mais Hinae n'était pas là présentement. Après un petit temps d'attente, Daiki se retourna, s'apprêtant à aller la chercher dans la ville. Toute cette atmosphère était bizarre et il ne compta pas rester ici. Cependant, après quelques pas seulement il se retourna et prit le temps d'observer la bâtisse de plus près, chose qu'il n'avait pas faite plus tôt. Elle était certes banale mais anodine, sûrement pas. Il y'avait une sorte d'aura bizarre autour de cette maison, sans parler de l'odeur qui y traînait.

Daiki refit alors quelques pas pour retourner devant la porte et baissa très lentement la poignée. La maison était ouverte, ce qui n'était pas chose habituelle. Le Kitto se mit alors sur ses gardes, quelque chose était louche et il ne voulait pas en payer les frais. Il prit un kunai de sa main gauche et ouvra lentement la porte de sa main droite. Pied après l'autre, l'odeur ne le rassurait clairement pas.

Était-ce un squat ? Une adresse seulement pour déposer toute sorte de colis ou de messages ? Hinae aurait-elle dû fuir de la maison ? Daiki comptait fermement obtenir ces réponses, avançant très lentement sur le parquet qui grinçait. Il devrait l'explorer de fond en comble pour avoir une réponse.

Mais alors qu'il finissait d'ouvrir la porte, quelqu'un lui sauta dessus. Daiki, légèrement surpris par la présence d'une personne ici, malgré ses précautions, se fit emmener au sol et fit une roulade avant de se relever à quelques mètres de la personne qui l'avait assailli. C'était une grand-mère, elle devait avoir dans les 60 ans. Daiki reprit alors son kunai dans sa main droite en mettant sa main gauche en signe d'excuses, toujours sur ses gardes.

Dialogue de personnage
« Je suis désolé, je cherchais quelqu'un mais j'ai du me tromper. »


Il n'était cela dit pas dupe, même si cette dame était peut-être dans un âge avancé, elle avait l'air d'avoir une technique assez rodée, il restait donc sur ses gardes, kunai à la main, juste au cas où.

Hier vers 08h

Lys épineux

Debout face à lui, Kagero l’observa quelques secondes, évaluant la situation. La roulade qu’il venait d’effectuer avait été parfaite, laissant deviner un entraînement rigoureux. Son corps, sa posture, tout montrait qu’il était un ninja aguerri. Et sa chevelure blonde… un ancien Konohajin, probablement.

Elle ne le considérait pas comme un ennemi, mais sa présence ici n’était certainement pas anodine. S’il n’était pas au courant de la vision… alors il savait quelque chose. Et Kagero, bien que tueuse expérimentée, détestait les morts inutiles. Sans arme à portée de main, elle n’avait de toute façon aucun avantage bien qu'elle aurait très bien pu l'empoisonner dans l'embuscade...

Elle soupira doucement, brisant le silence.

Dialogue de personnage
« Ce n’est plus de mon âge… Tu me sembles entraîné. »

Elle évitait soigneusement ses yeux, hésitant à confirmer son appartenance à un certain clan de Konoha. Non, ce serait trop dangereux : un Genjutsu aurait pu détruire sa psyché déjà fragilisée. Elle avala sa salive, incertaine : il semblait jeune, innocent, ou bien jouait-il un jeu pour mieux l’attaquer ? La tension devenait palpable.

Le couloir dans lequel ils se tenaient renforçait cette atmosphère étrange. Austère et légèrement patiné par le temps, il n’en était pas moins en bon état : le parquet grinçait à peine sous leurs pas, les poutres en bois étaient solides et entretenues, et quelques tapis simples ajoutaient une touche de sobriété. Sur un guéridon discret, des objets de qualité trahissaient le soin apporté à ce lieu : une lampe en bronze finement ciselée, un encrier lourd en pierre polie, un éventail orné d’une peinture délicate. Rien ne respirait la cavale. Pourtant, les occupantes, peu connues dans le secteur, avaient choisi un endroit réfléchi et organisé, où chaque détail semblait calibré pour durer et impressionner subtilement.

Dialogue de personnage
« Je m’excuse. Je pensais être face à quelqu’un qui connaissait déjà la situation. Par chance, vos sens sont aiguisés. »

Chaque mot était choisi pour lui faire comprendre qu’elle savait qu’il n’était pas là par hasard. Puis, décidant d’opter pour l’honnêteté, sa méthode la plus sûre dans ces moments :

Dialogue de personnage
« C’est en lien avec les éclipses ? Je ne vous veux aucun mal. »

Kagero resta immobile, les muscles tendus, prête à réagir à la moindre fausse note. Elle espérait ne pas avoir à passer à la vitesse supérieure... Pas maintenant.

Hier vers 11h


Donc cette vieille personne, elle non plus, n'était pas là par hasard. A vrai dire rien d'étonnant, ce que le Kitto avait entrevu dans la maison ne laissait pas deviner à une bâtisse habitée. Maintenant, qui était-elle ? Daiki n'en avait pas la moindre idée mais il souhaitait le découvrir, le savoir - rien que pour sa propre sécurité - serait très utile.

Le blondinet rangea son kunai et baissa lentement son bras gauche. Évidemment, il avait d'autres options que d'utiliser une arme blanche et il ne faisait ça que pour apaiser la situation, mais il ne comptait, pas maintenant en tout cas, pas se battre avec cette femme.

Dialogue de personnage
« En partie oui, je cherche simplement une personne. »


En soit oui, c'était pour les éclipses et les autres phénomènes décrit dans cette fameuse lettre qu'il était venu. Mais il souhaitait surtout retrouver Hinae, même si ces deux objectifs allaient de pair. Mais Daiki était là car il avait reçu une lettre, qu'en était-il de cette dame ?

Dialogue de personnage
« Pourquoi êtes vous arrivée ici précisément ? »


Hinae aurait-elle envoyé plusieurs lettres ? Le Kitto ne savait pas comment se placer vis à vis de cette dame, ce qui était clairement une épine dans son pied. Il décidait alors simplement de rester sur ses gardes, prenant toutes les précautions possibles. Même si cette dame était âgée, elle n'en restait pas moins une menace qu'il fallait prendre en compte.

Le Kitto n'osait pas trop en dire, il n'était pas forcément bavard de nature mais il avait une bien faible capacité pour choisir ses mots.

Hier vers 15h

Lys épineux

Kagero soutint son regard un instant. Elle continuait à éviter ses pupilles, mais ses yeux ne fuyaient pas pour autant : ses traits demeuraient impassibles, alors même que son esprit s’emballait. Ainsi donc, lui aussi cherchait quelqu’un… Rien d’étonnant. Dans une maison comme celle-ci, rien ne relevait du hasard. Le Kitto avait rangé son arme ; un geste habile, destiné à apaiser la situation, mais nullement dénué de prudence. Elle savait qu’il n’avait nul besoin de lame pour la blesser.

Dialogue de personnage
« Une personne, donc… »

Ses pas résonnèrent doucement dans le couloir. Son regard glissait sur les objets de valeur encore présents, témoins muets d’une vie méthodiquement effacée, mais non pas abandonnée à la hâte. Ses doigts effleurèrent distraitement la surface polie d’un éventail posé sur un guéridon, vestige discret d’un quotidien disparu.

Dialogue de personnage
« Je suis venue chercher des réponses. Comme vous, j’imagine. Cette demeure n’était pas celle d’une simple famille… Elle appartenait à des gens liés, de près ou de loin, aux perturbations récentes dans ce secteur. »

Deux jours entiers à traverser les îles de l’archipel pour parvenir jusqu’ici : tel avait été le prix de sa persévérance. Les nouveaux habitants étaient rares, et les langues difficiles à délier, mais à force d’insistance, Kagero avait fini par obtenir des bribes d’informations… jusqu’à cette maison.

Elle marqua une pause, son souffle mesuré. Parfois, la vérité — ou une part de celle-ci — désarmait plus sûrement qu’une arme.

Dialogue de personnage
« Dites-moi… Seriez-vous avec l’Empire ? »

Elle connaissait déjà la réponse. Mais poser la question, c’était contraindre l’autre à se dévoiler, ne serait-ce qu’entre les lignes. Une connivence tacite valait mieux qu’un mensonge frontal. Ses yeux se plissèrent légèrement, non par hostilité, mais par concentration. Chaque mot prononcé par ce blondinet pouvait l’approcher de ce qu’elle cherchait : le rôle exact de cet homme dans ses visions, et la nature du danger qui les entourait.

Kagero soupira. Elle n’avait rien en main, sinon son calme, son âge et son expérience. Pour l’heure, ce garçon n’était ni ennemi, ni allié : seulement une énigme. Et Kagero avait toujours aimé résoudre les énigmes.

Dialogue de personnage
« Je ne veux aucun mal aux habitants. Je veux seulement m’assurer de leur sort et pouvoir leur parler. Malheureusement, je crains qu’ils n’aient déjà été déplacés dans un campement de l’Empire. Je dois en apprendre davantage sur ces perturbationset surtout sur cette capacité… Elle ne doit pas tomber entre de mauvaises mains. Je vous propose de nous entraider : nous verrons bien vite jusqu’où pourra aller notre entente. »

Elle tendit enfin la main vers lui.

Hier vers 20h