Le bateau finit sa course en milieu d’après-midi dans un petit port entièrement construit en bois, fragile mais suffisant pour accueillir quelques barques de pêche. Le clapotis des vagues contre les pilotis résonnait comme un murmure discret, tandis que le vent salé faisait grincer les planches sous les pieds de Kagero.
L’homme Hattori lui avait confié le bateau à un vieil homme rencontré au bar, un interlocuteur qu’elle connaissait à peine et pour lequel elle ne nourrissait qu’une confiance limitée. Il la mit en garde :
« Tu peux désormais traverser les îles entre elles grâce aux barques-taxis, et lorsqu’il serait temps de repartir, elle devrait revenir ici. Pour l’instant, je resterai dans le secteur, à veiller discrètement. »
Kagero hocha la tête, consciente de la prudence nécessaire. Les îles alentour étaient nombreuses, certaines inhabitées, d’autres peu fréquentées. Une approche strictement logique aurait consisté à débuter par les recoins les plus isolés pour se cacher. Mais elle savait que survivre ainsi se révélerait complexe : se nourrir aurait exigé de multiplier les contacts avec les habitants, et quiconque aurait été repéré à cette activité aurait sans doute été pris pour cible. Dans ce secteur, personne n’avait été accusé ni inquiété.
Elle salua le vieil homme, qui répondit par un simple hochement de tête, et s’éloigna le long de la plage. Chaque planche du petit port grinçait sous ses pas, chaque mouvement semblait absorber le moindre son dans l’air humide et dense de l’après-midi. Dorénavant, il lui fallait retrouver des ninjas. Et ce n’était jamais simple. Dans ces eaux calmes et sous le ciel miroitant, l’apparente sérénité des lieux cachait des dangers et des secrets bien plus sournois que les vagues.
Le chemin qui serpentait vers le cœur de l’île était étroit, bordé de maisons en bois aux toits disjoints. Les odeurs de poisson séché et d’algues imprégnaient l’air, mêlant familiarité et étrangeté. Kagero avançait avec prudence, consciente que chaque rencontre pouvait être une chance… ou un piège. Elle devait trouver des alliés, des informations, et surtout rester invisible pour ceux qui traquaient le Chakra et les médecins comme elle.
Au bout du chemin, une petite taverne en bois, à moitié cachée derrière des roseaux, attira son attention. Elle pourrait y trouver des renseignements, ou au moins observer les allées et venues. Ses yeux scrutaient chaque silhouette, chaque mouvement, prête à intervenir si le besoin s’en faisait sentir.
Le soleil commençait déjà à descendre, peignant les planches de rouge et d’ocre. Pour Kagero, chaque minute comptait.