Kazuko sentit le poids du parchemin dans les mains de Masashi, comme si, en cet instant précis, le destin s’était matérialisé sous ses yeux. Elle savait que ce dernier message n’était pas simplement une mission parmi d’autres, mais un dernier appel à l’action, un défi lancé à sa volonté. Le murmure de Masashi, mêlé à la fragilité nouvelle de ses gestes, éveillait en elle une urgence sourde, celle d’assumer enfin pleinement son rôle.
Elle ferma les yeux un instant, cherchant en elle la force longtemps enfouie sous les couches de peur et de doute. Ce n’était plus un simple chemin à suivre, mais un combat à mener pour tous ceux qu’elle avait aimés et perdus. L’étincelle d’espoir qu’elle avait sentie auparavant se changeait peu à peu en brasier intérieur. Alors qu’elle relevait les yeux, un calme nouveau s’était installé en elle. Son regard, autrefois hésitant, était désormais habité par une détermination farouche. Elle savait que la route serait semée d’embûches, que les ennemis seraient nombreux et que l’ombre du passé continuerait à la hanter. Mais elle ne pouvait plus reculer.
Masashi parla alors, avec une douceur teintée d’amertume, évoquant ce vin au goût altéré. Kazuko esquissa un léger sourire, consciente que malgré la gravité de leur situation, ces instants simples étaient précieux. Sans un mot, elle se leva avec grâce, se dirigeant vers le coin où reposait une petite jarre de riz. Ce rituel, propre à sa lignée Miwaku, était bien plus qu’une simple préparation d’alcool : c’était un acte chargé de tradition, un mélange subtil entre patience, maîtrise et énergie spirituelle. Elle prit une poignée de riz qu’elle porta doucement à sa bouche, mâchant lentement, laissant le riz s’imprégner de sa salive. Son chakra circulait alors dans sa bouche, infusant les grains d’une essence invisible mais puissante. Pendant plusieurs minutes, elle se concentra, sentant cette fusion entre énergie et matière se créer sous son palais.
Puis, calmement, elle recrache cette pâte fermentée dans une jarre propre, faisant preuve d’une délicatesse et d’une précision que seule une Miwaku pouvait maîtriser. L’arôme qui s’en dégageait était riche, doux, presque envoûtant, promettant un saké d’une qualité rare. Kazuko regarda Masashi avec un léger éclat de fierté dans les yeux, tout en sachant que ce précieux breuvage serait le seul capable de chasser l’amertume de ces jours sombres. Puis, dans un mouvement fluide et gracieux, à genoux, elle tendit la jarre de ses mains vers Masashi, ses yeux brillant d’une fierté contenue. Ce rituel, aussi humble soit-il, portait en elle la force de ses racines et la promesse d’un avenir qu’elle voulait enfin affronter avec courage. Dans ce geste simple mais sacré, elle trouvait une ancre, un lien avec ses racines et une promesse silencieuse de renaissance.
« Tenez, Masashi-sama... »
Mais l’utilisation de ce jutsu n’était pas sans conséquence. Dans ce monde où l’énergie se faisait rare et où le chakra mettait bien plus de temps à se recharger, Kazuko ressentit soudain un léger coup de fatigue la gagner. La lourdeur de ses membres et l’épuisement accumulé depuis son long voyage à travers les rues de l’Empire, après des heures passées dans un train cahotant, se rappelaient à elle.
Elle inspira profondément, luttant contre cette lassitude qui menaçait de l’envahir, consciente que chaque effort demanderait désormais un peu plus de volonté. Pourtant, dans ses yeux, cette flamme indomptable refusait de s’éteindre. Un instant, elle posa son regard sur Masashi, dont le corps portait les traces visibles de la fatigue, des années de combats et des douleurs silencieuses. Elle se dit qu’elle n’avait pas à se plaindre, à côté de lui, son propre épuisement paraissait presque léger.
Cette pensée lui insuffla un regain de courage. Elle redressa les épaules, prête à affronter les défis qui l’attendaient, même si le chemin s’annonçait ardu. Car ce n’était plus le temps des doutes, mais celui de l’action.