L'appel du devoir

Quelques heures après que l’importante réunion du conseil se soit achevée, Hegi et moi étions déjà en route pour trouver Kirishitan Fumika. Je ne voulais pas perdre de temps, plus vite nous réglerions le problème et plus vite nous pourrions nous consacrer à la suite, bien qu’au fond, je n’étais pas encore tout à fait prête à porter la responsabilité d’Hokage. Mais le village avait besoin de quelqu’un et au plus vite. Nous marchions alors tout proches du quartier Kirishitan lorsqu’Hegi s’adressa à moi :



Nous n’en savions que peu quant aux problèmes qui touchaient à son clan. Ceux-ci avaient été trop longtemps considérés comme secondaires à cause de nombreux autres troubles qui affectaient le village de la feuille. Cependant, il était impératif de le clan des Kirishitan retrouve sa stabilité afin que Konoha puisse tourner convenablement. Les hommes et les femmes de ce clan s’étaient rapidement imposés comme un impératif pour nous. Leur lien avec la nature en faisait d’excellents forestiers, mais également de très bon constructeurs, comme en témoignait l’avancement du quartier Kitto. Mais s’intégrer n’était jamais facile, Uzumaki et Chikara eux même ne vivaient dans un semblant d’harmonie que depuis quelques années. Alors que dire d’un clan qui était encore « nouveau » dans l’histoire de notre village ? Pour moi, ils étaient nos égaux, mais je savais que tous ici ne se montraient pas de cet avis…



Il subsistait bien sûr certains doutes… je n’étais pas certaine de sa vision politique et ne me fiais qu’à son caractère. Même si je lisais plutôt bien les gens, il m’arrivait de me tromper, je ne suis qu’une humaine après tout. Je ne pouvais être sûre qu’elle accepte de voir les siens diriger par une personne aussi jeune que moi, en revanche, je savais qu’ils se fichaient amplement de mon clan d’origine. Au besoin, j’allais alors devoir me montrer convaincante, et pour cela, je pensais que l’aider à régler ses problèmes pouvait suffire à lui prouver ma valeur et ma bonne foi. C’est alors déterminée que je pénètre dans la bâtisse destinée à accueillir la Kirishitan-dôno. La pièce principale étant vide, je me permis alors d’essayer de l’appeler :

Fumika passait une journée plutôt tranquille pour une fois, personne pour la déranger, elle n'avait rien prévu de particulier, elle était simplement dans son bureau à réfléchir à des choses diverses et variées. La politique, l'architecture, l'artisanat... Enfin, beaucoup de choses jusqu'à ce qu'elle entende une voix plus ou moins familière l'appeler depuis sa porte d'entrée. Naturellement elle descendit lui ouvrir.



La Kirishitan adressa également un salut de la tête à Hegi. Elle ne s'attendait pas spécialement à la voir si elle devait être honnête. Elle leur pointa la table basse de son salon qui était sa pièce d'entrée. Celle-ci était entourée d'un canapé et d'un fauteuil.



Elle se dirigea vers la cuisine afin de préparer les boissons.



Elle reprit un air un peu plus sérieux, elle se doutait plus ou moins de la réponse, mais elle n'était jamais trop sûre. Il y'avait tout de même fort à parier que ce ne soit pas une visite de courtoisie.

Fumika ne tarda pas à nous accueillir, très vite elle nous invita à nous installer dans le salon et nous proposa même un thé. Je ne voulais pas paraître impolie en refusant, puis, il valait mieux être dans les meilleures conditions pour aborder les différents sujets qui nous avaient menés ici.



Répondis-je naturellement de manière enjouée tandis que je m’installais. Je sais que je devrais paraître bien plus sérieuse à l’avenir, mais il était parfois difficile de changer son propre caractère. Je croisais le regard d’Hegi, avions-nous bien le temps pour un bon thé ? Je cherchais un semblant d’approbation dans ses yeux, mais elle demeura neutre et silencieuse, je pouvais bien appréhender la situation à ma manière après tout, c’était le résultat qui était important.
Je trouvais néanmoins l’attitude de la Kirishitan-dôno légèrement étrange. Elle n’avait pas l’air tracassée par les évènements récents et se disait surprise de notre visite. Peut-être tout cette histoire n’était que du bruit pour rien ? Ce n’était pas le moment de faire des suppositions, nous devions tirer toute cette histoire au clair. Reprenant une attitude plus sérieuse, et surtout crédible, je lui annonçais alors la raison de notre venue :

Elle se leva donc et partit préparer 3 thés, un pour chacune, même pour l’impassible Hegi. Une fois que Fumika avait lancé l'eau, elle revint et s’assit pour commencer cette discussion qui allait sûrement être source de maux de tête.

Il semblait que Nami ne soit pas au courant de sa démission, cela faisait quand même assez longtemps…



Elle l’avait fait pour des raisons plus que légitimes mais au final elle ne savait même pas si quelqu’un avait bien reçu sa lettre ou si juste ils avaient sciemment décidé de ne pas s’en occuper. Enfin, elle comprenait, le village semblait avoir des problèmes bien plus compliqués que le clan Kirishitan actuellement.



Elle marqua une pause, elle se lançait dans des explications complexes et elle devait réfléchir à ses mots pour ne pas y passer la journée.



Depuis Risako et Salomon, ce clan n’avait pas eu de véritable leader. En même temps, c’était un clan très compliqué à diriger et elle ne souhaitait à personne de prendre la suite de ces deux exceptionnels chefs de meute.



Elle avait une part de responsabilité là dedans, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle avait démissionné.



Cela avait plutôt bien marché étant donné que le clan avait retrouvé une forme d’unification, entre beaucoup de membres du moins. Il y’a quelques années ce même clan n’était qu’un nom donné à des personnes qui n’avaient plus grand chose à voir.



Ces membres se pensaient légitimes à faire cela, Fumika savait qu’ils ne pensaient pas mal, mais elle était plus ou moins sûre que cela ne mènerait à rien du tout sinon la perte de ce clan.

Hegi n’avait pas tort, nous étions simplement sans nouvelles d’elle depuis un long moment. Elle nous expliqua alors les raisons qui l’ont poussées à agir ainsi, mais tout cela m’apporta plus de questions que de réponses. La mort de Risako et Salomon était l’élément déclencheur de tout cela, et à demi mots, la Kirishitan admettait qu’elle n’avait pas la carrure pour diriger les siens comme ils le faisaient. Et comme je la comprenais… je me suis moi même souvent demandée ce que je faisais là après tout…



J’avais un peu de mal à comprendre… pourquoi quitter son poste si c’était pour finalement suivre le même rôle auprès des siens ? Cherchait-elle à émanciper les Kirishitan du village ? Participer à la vie politique de Konoha était une chance pour eux, pourquoi préférait-elle agir de son côté ? Étaient-ils si incompris ?



Sans dôno pour parler en leur nom, Konoha ne pourrait rien pour eux. Attendre que ce simili de révolte ne prenne de l’ampleur n’était pas non plus la solution. Fumika devait reprendre les siens en main, il en allait de l’avenir de siens mais aussi celui du village tout entier. De mon air le plus sérieux, je poursuivis alors :



Compte tenu de la situation, je craignais un peu que les Kirishitan ne décide d’élire l’un de ces indépendantistes. Même si Fumika affirmait qu’ils n’étaient qu’une minorité, je préférais de loin jouer la carte de la sécurité. J’étais persuadée que cette femme était une bonne personne et qu’elle ne cherchait que le meilleur pour les siens. Je devais cependant lui montrer qu’elle n’était pas seule.

Elle était très surprise par la prise de parole d'Hegi, Fumika ne comprenait vraiment pas pourquoi elles n'avaient pas reçu sa lettre. Elle se secoua la tête, enfin, c'était du pareil au même. Elle était contente du travail qu'elle avait fait les derniers mois et n'aurait pas eu d'impact sur la vie politique de Konoha. Elle avait surtout fait ça pour éviter de mêler la politique du clan et celle du village, ce qui n'était pas du tout au goût des siens.



Elle voulait sincèrement s'excuser auprès de Nami et de Hegi, même si elle n'aurait eu aucun impact, elle aurait préféré que tout le monde soit mis au courant. Cela aurait facilité la situation pour tout le monde.

La situation des Kirishitan ne les intéressait pas plus que cela avant. Fumika ne leur en voulait pas, mais son clan n'avait jamais été dans les priorités de Konoha, avec ou sans Dono, peut-être qu'elle avait une part de responsabilité certes. Mais le dialogue s'était réinstauré entre elle et les membres de son clan depuis, ce qui était un grand soulagement.



Cette entrevue là maintenant tout de suite l'obligeait un peu à précipiter les choses. Mais peut-être avait-elle besoin d'un coup de pouce. Fumika n'arrivait pas vraiment à exprimer ses intentions, cela la contrariait. Elle aimerait être plus claire mais elle avait préféré se rapprocher des membres de son clan et de s'éloigner de Konoha pour un temps. Elle avait choisi le côté de son dilemme et tout était fin prêt pour rassembler les deux.

Au fait, elle ne comprenait pas pourquoi c'était la Kitto-Dono qui venait lui parler. Certes accompagnée de Hegi, mais pourquoi Nami ?



Elle lui adressa un sourire véritable et bienveillant car elle ne voulait pas que sa question soit perçue avec quelconque méchanceté. Quoi que sera sa réponse, Nami était véritablement très douée pour parler.

Il m’était délicat d’exprimer une telle chose. Je n'arrivais pas à trouver les mots pour bien m'exprimer. J’avais l’impression de ne pas être légitime, et venir demander l’appui de la Kirishitan me paraissait déplacé quelque part. Cette dernière avait visiblement ses propres problèmes, et soutenir une personne aussi jeune que moi au poste d’Hokage n’était probablement pas sa priorité, c’était un risque quelque part. Heureusement, Hegi était là pour me soutenir :



J’avais cette chance d’avoir déjà rencontré la Kirishitan par le passé. Elle et moi nous étions plutôt bien entendus et j’espérais que cela joue en ma faveur. Qui plus est, je lui avais déjà montré que les Kirishitan valaient autant à mes yeux que les autres clans.



N’étais-je pas encore élue que je faisais déjà des promesses que je ne pourrais peut-être pas tenir. Je l’espérais de tout cœur bien sûr, mais bien d’autres avant moi n’étaient pas parvenues à maintenir Konoha à son apogée. Il aurait été bien arrogant de ma part d’être certaine de réussir, tout ce que je pouvais faire c’était croire en moi comme d’autres semblaient le faire.

Fumika était surprise par la révélation de Nami, elle ne s'attendait pas vraiment à ça. En même temps, cela faisait un long moment qu'elle n'avait pas suivi la politique de Konoha. La Kirishitan n'avait même pas à hésiter, aussi loin qu'elle avait entendu parler de la Kittodôno, elle ne pouvait qu'être admirative d'elle. Elle se sentait mal à l'aise de voter dans un conseil lié à Konoha, mais elle ne voulait pas vraiment faire de blocage et nécessiter une élection de son clan avant. De toute façon, si Nami avait déjà l'appui de Shimazu et de Hegi, elle donnerait son soutien à Nami.



Fumika n'allait pas vraiment se poser plus de questions. Elle avait totalement confiance en Shimazu et Hegi pour choisir une Hokage fiable. De plus, Nami semblait être une figure qui pouvait rassembler autour d'elle, et c'est probablement ce dont avait besoin Konoha, enfin, celui auquel s'était intéressée la Kirishitan du moins. La future Hokage parlait déjà en promesses, c'était déjà une vraie Hogake en herbe.



Même si elle n'était pas contre la présence de ses deux interlocutrices, elle n'allait pas éterniser la chose, surtout si elles s'étaient déjà mises d'accord sur ce dont elles devaient avancer. Ce n'était au final peut-être pas plus mal que Konoha lui force un petit peu la main afin d'accélérer les choses.

Cela fut-il réellement si simple ? La Kirishitan-dôno ne demanda pas plus d’explications. Je me demandais si elle fichait simplement de la vie politique de Konoha où si sa confiance en moi était déjà suffisante pour qu’elle accepte aussi aveuglément de me soutenir. Je n’avais pas une mauvaise estime de ma personne, au contraire, je pensais plutôt être quelqu’un de bien. Mais je me demandais toujours comment les autres me percevaient. Récemment, surtout après cet entretien et la réunion de ce matin, je réalise ce qu’Hegi voyait en moi. Une personne capable de rallier les autres, et ce, naturellement. Je ne comprenais pas exactement les raisons derrière cela, peut-être mon visage inspirait-il la confiance ? Ma manière de parler ? Ou même ma voix ? Je me pose trop de questions, et je crois qu’il est temps que j’arrête et que je devienne enfin la personne que je devrais être.



Dis-je sérieusement tout en m’inclinant respectueusement. Une chose que peu de dirigeants feraient, mais je ne perdais pas de vue les raisons qui m’avaient menées ici. Les gens plaçaient en moi une partie de leur avenir, et certains, celui de leurs enfants. Je devais montrer que je respectais cela, que je les respectais eux, les Konohajins, mon peuple. Avant de relever la tête, j’ajoutais alors :



Je relevais alors la tête avec un léger sourire. Je ne pouvais plus me permettre de m’exprimer aussi expressivement qu’avant, mais j’étais véritablement heureuse d’avoir réussie à faire un premier pas en avant. Pour finir, j’ajoutais alors :