Parcourir ainsi les couloirs du domaine du Mizukage n'était pas une première, nombre de missions, de plans, d'entrevues et de visions de l'avenir avaient étés échafaudées en ce domaine. Le borgne avait connu ces murs très jeune, avait eu l'insigne honneur de connaître les plus illustres shinobis ayant laissés leur traces ici et avait subit la formation de certains d'entre eux. Néanmoins, il ne s'y était jamais vu lui-même ni n'avait éprouvé la moindre volonté d'être plus que ce qu'il était devenu. Son pas allait progressivement en ralentissant, submergé par la nostalgie. Il ne pouvait s'empêcher de sourire à tout cela et à l'ironie... Non... L'honneur... qui était le sien aujourd'hui.
Ses armes, il les avaient obtenues si vite et si tôt qu'il s'était imaginé un temps invincible et que les autres ninjas du village étaient terriblement lent face à l'apprentissage. Il avait payé le prix fort pour sa prétention d'antan et ne pouvait plus guère apprécier les perspectives comme il avait pu le faire, fut une époque. Mais il en était ressorti grandit, épuré de sa témérité, de son impétuosité. Il était devenu la surface d'une mer d'huile, limpide et sans la moindre onde visible et s'était senti le devoir de transmettre sa paix à la jeune génération. Bien avant sa majorité déjà, il était devenu une lame froide pour ceux qui menaçaient la pérennité du village, mais pour ses habitants, quelques soit leur clan, Kaguya ou Gaikotsu, il était une source chaude apaisante.
Shinken du clan des façonneurs d'os, avait ouvert la voie à un certain nombre d'élèves à présent. Il les aimait tous du plus profond de son cœur et n'avait guère ressenti le besoin de fonder une famille, tant il se sentait comme un père pour tout ces enfants. L'on aime sa descendance au plus fort de son âme, mais il subsiste toujours un petit préféré, parfois plusieurs, mais cela n'était jamais égal, quoiqu'on voulait bien en dire sur le sujet. Goshiro avait été un vrai garnement... Et la source de la plus profonde fierté qui fut pour Shiken.
Ce jour où des larmes parvinrent à couler de son œil aveugle, ce jour où son très cher élève l'avait dépassé de si haut qu'il en avait eu le vertige sans pour autant concevoir la moindre jalousie. Ce jour où Goshiro était devenu le porteur du courant des enfant de l'eau, leur guide et leur maître à tous. Il senti son cache-oeil s'humidifier à nouveau à ce souvenir. Quel sentimental faisait-il. Il reprit sa marche, radieux. Enfin, il se trouva à la porte d'un bureau particulier où mille responsabilités et décisions se prenaient à la fois.
Il ne frappa pas, il n'en ressentait pas le besoin, mais il fit montre d'une délicatesse infinie pour ne pas déranger son occupant. Un instant, il pu l'admirer dans la pile de dossiers d'importances variables qu'il devait traiter. Il revoyait l'enfant qu'il avait ébouriffé tant de fois et dont la toison semblait se souvenir de ces encouragements au vu de la bataille capillaire culminant au sommet du crâne du Mizukage. Un sourire d'une bienveillance profonde s'installa alors sur son visage, si fier... Mais aussi inquiet à la fois. Il se manifesta enfin.
« O'hayo gozaimasu, Goshiro-kun. »
Il le salua, levant par la même occasion un sac plein desquels s'échappaient des odeurs aussi alléchantes les unes que les autres.
« Bento ! On me fait part que tu te noies dans tout ces papiers... Mais cela ne nourrira pas l'homme que tu es devenu. Il est important de savoir se reposer, même pour le plus éminent représentant du village. Tes jolies fanes n'aimeraient pas te voir dépérir, n'est ce pas ? »
Il n'attendit pas d'y être invité, il vint en face du jeune prodige, son jeune prodige, et y posa les victuailles. Son expression changea quelque peu, un voile de tristesse l'assombrissant.
« Enfin... Tu te doutes que je ne suis pas venu ici simplement pour t'apporter le déjeuner... Il est des sujets qu'il faut que nous abordions. Je ne suis plus ton maître et tu es devenu si grand... Mais il reste toujours des choses que je suis à même de t'apporter. Si tu le veux bien, évidement. »
Il avait terminé sa phrase par une mimique quelque peu gênée. Ce n'était pas une première et malgré tout, rien ne parvenait à lui faire oublier l'enfant qui s'était tenu derrière ce visage d'adulte impressionnant.