Discutons avenir

Assise dans un vieux siège en cuir, je m'occupais de la paperasse qui s'étalait sur mon bureau. Ou plutôt devrais-je dire l'ancien bureau de Kazumori-san. À mon élection, ce dernier avait déménagé toutes ses affaires laissant alors dans la pièce que multiples papiers désordonnées et quelques vieux meubles que je trouvais bien hideux.

Je jetais un petit coup d'œil par la fenêtre et constatais avec une once de surprise que la nuit commencait déjà à étendre son voile noire au-dessus de notre village. La notion de durée semblait m'échapper depuis quelque temps pensais je d'un léger soupire. Il faut dire qu'entre l'hôpital et ce récent poste plein de responsabilité, je ne voyais pas vraiment les heures passées. Si bien, qu'il avait fallu que j'organise mon agenda de manière à consacrer le temps qui m'était accordé entre la médecine, la politique et le sommeil. Un rythme de vie assez effréné qui ne laissait guère place aux loisirs que j'avais auparavant connu.
Quelques regrets vis-à-vis de cela qu'il fallait mieux se dépêcher de faire disparaître au vu de ce que j'étais devenu aujourd'hui et ce que je représentais pour mon village.

Je me replongeais donc dans mes papiers, les doigts parcourant les dizaines de dossiers au contenu, plus divers les uns que les autres. Fiche détaillée des membres du clan, finance, travaux au sein de notre quartier... Tout y était. Et à leur lecture, je ne pouvais qu'admettre qu'Hegi avait vu juste. Le clan Kitto n'avait jamais été au plus mal que ce soit sur le plan économique ou social. Kazumori-dôno ne semblait pas avoir entrepris grand-chose ces dernières années. L'écriture sur les parchemins le témoignaient d'eux même.

J'enroulais mon doigt autour de mes cheveux, anxieuse et pensive. Comment une femme de seulement 20 ans allait pouvoir renverser à elle seule la situation dans laquelle nous nous trouvions ? Alors que je réfléchissais, un toquement à la porte si fit entendre.



La personne derrière cette porte était celle que j'attendais : celle que j'avais convoquée ?
Inutile de tergiverser, je me redressais, lâcher mes cheveux et prenais un visage fermé. En d'autres mots, une posture qui imposait un minimum de respect. Merci les cours de Hegi !

Ces dernières années avaient été productives, bien plus que tout ce à quoi tu te serais attendue en vérité. Qui aurait pu prédire que tu finirais par devenir une kunoïchi au service de Konoha ? Tes capacités t’avaient valu une accession rapide au grade de genin, avec cela, tu eus l’occasion de parfaire l’apprentissage que Genichi avait commencé. Bien que les entraînements furent bien moins intenses que ceux que ton sensei te prodiguait par le passé, tu avais rapidement dépassé les attentes concernant ta maîtrise du ninjutsu. Mais au-delà de cela, Konoha t’avait permis de faire quelques rencontres, dont certaines eurent un réel impact sur ta personnalité.

Aujourd’hui, Nami te convoquait. Amusant n’est-ce pas ? Qu’elle puisse avoir ce droit sur toi désormais, lors de votre rencontre elle n’était qu’une infirmière parmi tant d’autres et désormais elle devait guider un clan tout entier. Son ascension fut fulgurante mais tu n’en fus pas surprise pour autant. Sa bienveillance t’avait aidé à appréhender le monde d’une autre manière, et surtout à faire confiance aux autres. Elle était probablement ce que tu pouvais considérer comme une « amie », bien que tout ce qui entoure la sociabilité n’était toujours pas ton truc… En somme, elle avait eu une influence positive sur ta personne. Mieux encore, ce fut elle qui te poussa à tenter l’examen de chûnin, et elle vit juste. L’examen se passa bien, et tu obtenus ton nouveau grade sans trop de soucis, à peine un peu plus d’un an après avoir atteint le stade de genin, tu avais de quoi être fière de toi.
Comme demandé, tu te rendis donc jusqu’au bureau de Nami. Une nouvelle fois, c’était amusant de voir qu’elle avait même un espace lui étant dédié, la grande classe. Tu toquas légèrement à la porte, et après avoir entendu sa voix te demander d’entrer, tu t’éxécutes et passe la porte avec un léger sourire sur ton visage.



Tu refermas alors soigneusement la porte derrière toi avant de t’approcher de son bureau et de venir t’asseoir face à elle. Tu n’avais aucun mal à prendre tes aises en sa présence, l’avantage de connaître quelqu’un avant qu’il n’occupe un poste de ce genre… Tu dénotas son visage sérieux, bien trop sérieux par rapport à ce dont tu avais eu l’habitude. Tu pris alors un sourire taquin, et histoire de détendre l’atmosphère tu ajoutas :

Je ne pus retenir un haussement de sourcil en voyant la porte s'ouvrir. C'était bien elle : Nasana. Elle avait bien changé depuis notre première rencontre, n'importe quel aveugle l'aurait remarqué. Comme une fleur, elle s'était enjolivée avec l'âge et s'était adaptée à Konoha. Et ceux malgré ses épines. Je ne pouvais qu'être contente pour elle et je devais avouer ressentir une même fierté qu'une grande sœur a pour sa cadette.

Enfin ! L'heure n'était pas à la contemplation, mais au travail ! Je ne l'avais tout de même pas fait venir juste pour contempler la femme qu'elle était devenue !



Je la regardais, le visage toujours aussi sérieux, s'asseoir en face de moi. J'aurais voulu continuer à aborder cette figure autoritaire mais cela fut compromis lorsque d'un sourire taquin elle vint remémorer un farceur souvenir. Dans une tentative de ne pas rigoler, mes joues se gonflèrent, mes yeux se fermèrent et la paume de ma main se posa délicatement sur mes lèvres. Retiens-toi, retiens toi...

Trop tard, je lâchais un pouffement et aborder ce grand sourire qu'on me connaissait :



Malgré le fait que je suivais avec une certaine curiosité les amourettes de ma meilleure amie, il n'était pas question de ça ce soir. Non, elle et moi allions aborder un sujet un peu plus personnel et décisif….



Rhôoo !!! Je ne pouvais donc pas m'empêcher de parler et de raconter tout et n'importe quoi ?! Un peu de sérieux Nami bon sang ! Je me tapais gentiment la tête avec la main et tenter de reprendre ce pourquoi j'avais été élu.



Je ramassais un dossier, le feuilletais très rapidement et en sortis une unique feuille.



Je marquais un petit temps d'arrêt. Je n'étais pas trop sûr que la fille que j'avais en face de moi soit des plus à l'aise en terme de sociabilité… À part moi, je me demandais bien qui elle pouvait bien fréquenter. Hum... Je me faisais sûrement du souci pour rien, c'était une grande fille ! On avait que deux ans d'écart après tout !



Je marquais un petit arrêt, le temps de reprendre mon souffle et de garder une certaine constance dans ma voix. Débiter trop d'information ne servaient à rien, mieux valait faire des petites pauses pour laisser mes paroles se graver dans les oreilles de mes interlocuteurs. Une fois de plus : merci les cours d'Hegi !



Mon regard se planta dans les pupilles de la récente Chûnin et pendu à ses lèvres, j'achevais mon discours d'une question décisive.

Tu en doutais, bien évidemment. Nami ne tarda pas à clarifier la situation. Tu l’écoutas patiemment te parler de ton intégration au village. Tu avais vite pris le pli, suffisamment pour obtenir la confiance du village en tout cas, pour le reste, les « amis », tu étais comme qui dirait encore au point mort. Tu étais bien trop concentré dans le fait d’apprendre de nouvelles choses, de parfaire ton entraînement, tu ne laissais que très peu de temps pour ces « frivolités ».



Tu n’eus pas le temps de répondre que ta camarade Kitto reprit de plus belle. Elle semblait déterminée à l’idée que tu ne rejoignes son clan. Qu’en pensais-tu ? Pas grand-chose en vérité, tu n’avais jamais connu cette sensation d’appartenance. Sekken n’était qu’un mot pour toi, il ne représentait rien. Cette fois, la dôno te donnait l’opportunité de devenir quelqu’un d’autre en quelque sorte. Prise d’un léger sourire en coin, tu répondis alors calmement :



Il était clair que tu avais encore de nombreux défauts aujourd’hui, mais l’ingratitude n’en faisait pas parti, bien au contraire. Pendant longtemps, même parfois aujourd’hui, tu repensais à Genichi, cette sensation de l’avoir abandonné, ou d’avoir été abandonnée… Que penserait-il du fait que tu sois devenue une Konohajin ? Même Nagisa serait sûrement surprise. Tu espérais sincèrement avoir la possibilité de les revoir un jour.

Je lâchais un petit sourire satisfait, joignais mes paumes de mains l'une contre l'autre et inclinais très légèrement la tête.



Au-delà de la gratitude, j'espérais vraiment qu'elle s'intègre à la famille que nous, Kitto, étions. Les premières semaines allaient peut-être compliquées, mais je m'arrangerais pour lui faire rencontrer les membres du clan : sur ça, elle pouvait compter sur moi !

La feuille que j'avais sortie du dossier, dans mes mains, je la lui tendis en pointant du doigt les textes à trous.



Voilà une bonne chose de fait pensais je en m'affalant plus profondément dans ma chaise ! Bon qu'avais je d'autre à faire ? Je jetais un regard à la tonne de papier parsemé sur mon bureau. Dire qu'il fallait que je les épluches tous...

Je m'accordais tout de même quelques minutes de répit pour répondre à la question de la Chûnin.



Je marquais une pause avant d'ajouter souvenir en tête :



Je rigolais doucement puis m'emparais d'un dossier. Il était temps de me remettre au travail ! Je n'avais pas été élu pour discuter confortablement derrière un bureau !

Très clairement, ce n’était pas à toi qu’il faudrait confier un jour un poste avec des responsabilités pareilles. Parfois tu te demandais d’ailleurs comment une jeune femme comme elle, malgré toute sa bonté et sa bienveillance, s’était retrouvée élue. Non pas que tu contestais leur décision, loin de là, toutefois, tu n’imaginais pas qu’elle se retrouve là si jeune. Néanmoins, tu remarquais facilement la différence de comportement entre la Nami du passé et celle du présent. Elle se voulait bien plus sérieuse, moins excentrique, elle prenait sa tâche extrêmement à cœur et cela prouvait probablement le bon choix quant à son élection, mais tu restais curieuse.



Enfin bref, pas le temps de discuter à ce sujet car Nami, entourée de tonne de papier, avait encore un tas de travail à faire. Un coup d’œil à la pièce te laisse facilement deviner que la vie de chef de clan n’est pas facile, la pauvre n’avait même pas le budget pour réparer son étagère !



Ne voulant pas faire perdre plus de temps à la Kitto-dôno qui était sûrement débordée de travail, tu la salues avant de t’éclipser rapidement. Direction les dortoirs pour aller remplir ce fameux formulaire tranquillement…