Maudit village ! A quel moment j’avais pu imaginer qu’un tel endroit serait un havre de paix ? Plutôt, comment aurais-je pu imaginer que mes talents de commerçant ne me servirait à rien dans cette région ? Tout avait pourtant bien commencé. L’argent s’accumulait et c’était un sacré pactole qui nous attendait pour notre départ. C’était avant d’être pris en plein flagrant délit de vol dans un petite groupe de voleurs de bas étage, mais suffisamment nombreux pour me donner du fil à retordre dans ma fuite désespérée. Bon Dieu, où était ce foutu singe lorsqu'on avait besoin de lui ? Ce gars avait la bougeotte et j’aurais dû me douter que je me retrouverais seul un certain temps. J’étais le dernier de la fratrie encore présent sur les terres du Yuukan et je refusais de mourir face à des brigands de bas étage. Néanmoins, le nombre de poursuivant qui s’accumulait derrière moi n'annonce rien de bon. En comptant les dégâts causés dans la poursuite, il est clair que la police de Tekuronoji ne tardera pas à se mêler de nos histoires. Dommage… je l’aimais bien cette petite cité.
M’exclamais-je en chutant au sol après avoir percuté une étale de fruit. Son contenue se déversait sur le sol ce qui ralentissait plus ou moins ces idiots. Je me relevais aussitôt, continuant de parcourir la moindre petite ruelle, de droite à gauche, de haut en bas, tentant de semer petit à petit ces hommes.
Alors que l’un d’entre eux s’apprêtait à me tirer par la main, l’huile qui inonde mon corps dévie sa saisie. Par la même occasion, la sécrétion de cette même huile m’offrait un chemin impraticable par un humain lambda. Quelques sauts plus loin, je me retrouvais poursuivis par un nouveau groupe d’environ cinq ou six personnes. La situation s'envenime à mesure que notre course continue. Des passants chutent, des étalent s'effondrent et quelques villageois ne tardent pas à se mêler de nos affaires. Alors que la situation se gâte, je découvre une longue ruelle parsemée de draps. De mes kunais enflammés, je les brûle pour couvrir ma fuite. Une idée totalement irréfléchie vu les maisons aux alentours.
« Merde! Red, t’es où ? »
Je n’avais qu’un but, rejoindre l’auberge qui était notre point de rencontre, mais serait-il présent là où j’ai le plus besoin de lui ? Les poches vides, je n’avais que quelques billets pour subvenir à nos besoins. Peut-être deux, voire trois repas. Tout à coup, ma course s’arrêtait là, au fond de cette ruelle sans issue. Je me sais proche de l’auberge, mais mes assaillants n’avaient pas lâcher prise. Ils étaient une dizaine et malgré leur tête d'ahuri, mon sort n’était pas vraiment favorable.
« On peut s’arranger, non ? »
« Hahaha! Bien sûr, les gars. Il nous vole et en plus il détruit nos rues. On devrait le laisser partir, hein ? »
Tout le monde s'esclaffa et je ne pouvais pas leur jeter la pierre.
« Jamais personne ne me prendra au sérieux. »
Puis j'ai repris mon courage et ce comportement impétueux qui me caractérise si bien. En garde, prêt à en découdre, je reprends du poil de la bête.
« J’vous attends, c’est pas ici que mon voyage se termine bande de vermines ! »
S’il te plaît, Red, pourvu que tu m’entendes râler.