HRP : Musique d'ambiance : https://www.youtube.com/watch?v=mpBtgcehS7w
Tu ouvres les yeux….
Ça y est : le monde s'ouvre à toi. Toutes les couleurs qu'il a à t'offrir éblouissent tes petits yeux verts. Tu ne connais pas encore les mots pour définir ce mélange de chromos, mais cela te plaît. Alors, pour exprimer ce sentiment qui t'est inconnu, tu fais la seule chose que tu sais faire : tu cris.
Cela dure quelques minutes durant lesquelles tu te sens vivre, pousser des ailes. Ce bruit t'appartient. Maître de ce son enfantin, tu apprends alors à découvrir ce corps qui t'habite.
Mais d'ailleurs qu'est ce qu'un corps ? Essayant de bouger ton bras pour toucher cette peau blanche qui t'entoure, tu connais l'échec. Bouger bras et jambes comme tu le souhaites te parais un défi insurmontable. Tel un pantin inarticulé, tu sens l'once de pouvoir que tu avais cru acquérir plutôt s'envoler comme la colombe en temps de guerre. L'échec, voilà ta première connaissance du monde. Cela te fait mal, c'est le premier sentiment que tu sais définir et c'est le plus douloureux. Impuissant, tu sens ta poitrine se soulever et le rythme de ton cœur accélérer. Tu te demandes comment on doit réagir face à l'échec. Alors désemparé, tu laisses le mot que tu ne savais pas définir plutôt, prendre le dessus. Tu ne maîtrises alors plus ton cri, la bouche en rond, tu laisses échapper un enchaînement de bruit strident tous plus irrégulier les uns que les autres. Ça te fait mal, mais l'arrêter te semble impossible, faible que tu es, tu regrettes amèrement l'endroit doux et chaud que tu viens de quitter.
Et puis c'est un doigt qui aura raison de toi. Calme, apaisant, il dégage une aura rassurante qui posé sur tes lèvres te feront taire. Ce même doigt, prenant ton menton, te fait ensuite lever le visage vers son propriétaire. Alors, les couleurs se mélangeant sur tes pupilles viennent former le visage souriant d'un homme. Tu ne saurais le décrire de par ton manque de vocabulaire, mais pour faire simple, tu dirais
chaleureux, oui, c'est ça, chaleureux, c'est le mot que tu cherches.
Présent entre ses mains, tu te sens à l'abri. C'était comme si tu étais protégé de toutes les menaces extérieur ; le monde aurait pu s'écrouler autour de toi, qu'installer confortablement sur les lignes de la paume, tu ne l'aurais pas remarqué. Cet homme que tu ne connais pourtant pas, tu l'aimes déjà. Ce sera lui ton bouclier face à ce monde et les émotions inconnu qu'il regorge. L'échec, la douleur et tous ses sentiments rebutants te seront éloigné auprès de lui, tu le sais. Tu ne sais pas comment, mais tu en es convaincu.
Tu aurais très bien pu rester là indéfiniment, peut-être même y dormir jusqu'à y trouver le sommeil éternel dont tu avais pris l'habitude depuis 9 mois. Mais un liquide chaud t'en empêche. Goutte à goutte, tu le vois tomber sur ton ventre dans un bruit monotone, tu trouves cela à la fois reposant et à la fois troublant. Comme si l'on te frappait avec une flûte jouant la mélodie de la marche funèbre. L'origine de ce que nous humains appelons communément : larme, prend source dans les yeux de l'homme au-dessus de toi. Tu vois ses pupilles inondées de cette eau salée, qui ruisselant sur ton corps vient s'écraser par terre, lamentablement. C'est donc ça la vie d'une larme ? Servir aux émotions humaines puis sombrer dans le gouffre de l'oubli ? Ça te rend triste : sacrifier ce liquide si précieux pour montrer ses sentiments ; tu trouves que c'est du gâchis. Tu es alors en colère contre cet homme. Pour qui se prend t-il à se penser maître du destin de ces gouttes ?! Mécontent, tu lâches un petit grognement qui a ta surprise semble faire rire l'intéressé. Si tu devais décrire ce rire, tu opterais pour une succession de sourire produisant un son joyeux et harmonieux. Alors, pensif, tu te demandes si le rire a le même objectif que les gouttes d'eau : montrer ses émotions.
Tu n'as pas vraiment le temps d'y réfléchir que déjà, tu sens l'homme te transporter pour te remettre dans les bras d'une autre personne. Cette fois, c'est une femme, elle te semble familière, comme si vous vous étiez déjà rencontré avant. Tu te sens très proche d'elle, c'était comme si un lien vous réunissait sous l'arche de l'amour. Certes, tu te sentais plus en sécurité auprès de l'homme, mais là, c'était différent. Tu ne saurais pas l'expliquer, mais tu as une confiance aveuglée dans cette personne. Tu serais capable de sauter d'un pont, les yeux bandés si tu savais qu'elle était en bas pour te rattraper. Tu t'estimais un peu comme un chevalier dont la femme symbolisé l'armure, qui te recouvrant de sa confiance, te donner le courage d'aller sur le champ de bataille, et l'homme que tu avais dit précédemment symbolisant le bouclier. Vous trois réunit, tu te sentais invincible, doté d'une force irréaliste qui autour de toi te permettrait de te protéger de tous les dangers imaginables….
Tu ne t'attardes pas vraiment sur la femme, car ta vision se brouille pour laisser place à une forme indistincte qui n'est autre que le visage d'une petite fille penchée vers toi. Elle est jeune et tout ce que tu retiens d'elle c'est la beauté qui s'en échappe . Ses magnifiques yeux verts venant plongés dans les tiens te font lâcher un petit cri aigu. Tout comme l'émeraude, cela t'attire et si tu avais le libre contrôle de tes bras et jambes, tu aurais voulu toucher ses pupilles. Toujours penché au-dessus de toi, tu la vois ouvrir la bouche et en sortir un amas de mots qui te sont indescriptibles, tu regrettes alors de ne pas avoir la faculté de communiquer avec elle car similaire au lien qui unissait la femme et toi, tu te sens proche d'elles. À vrai dire, on y pensant bien, il y a une ressemblance troublante entre la dame et la fille. Que ce soit le nez fin, les traits du visage ou encore les cheveux brun chatoyant, tu as l'impression d'assister à un portrait miniature de la femme. Mais bien que tu ne connais pas l'expression, tu sais déjà que
ce qui est petit est mignon.
Toujours dans les bras de la femme, tu aimerais savoir ce que cette petite fille fait là, agenouillé auprès de toi. Ses longs cheveux te tombant sur le visage, tu la vois se pencher et te faire un petit bisou sur le front. Cela s'achevant dans un smack, tu regrettes déjà de ce petit geste, qui était la preuve de l'attention qu'elle portait à ta petite personne. Ses petites lèvres, te quittant, auront eu au moins le mérite de laisser une petite traînée de bave sur ton front. Tu n'oses plus bouger de peur d'effacer ce souvenir et si tu le pouvais, tu aimerais garder cette petite trace tout au long de ta vie. Mais le destin, fidèle à lui-même, en décida autrement. La femme te portant essuya la bave d'un geste délicat et bien malgré toi tu ne peux l'en empêcher. Démunis de ce signe d'amour, tu te sens alors vide. Tu n'avais qu'une chose à faire, c'était de préserver l'œuvre de la petite fille. Et tu as failli lamentablement à ta tâche : c'est un échec. Et que fais-tu lors d'un échec ? Tu pleures.
Enfin, tu l'aurais fait si la petite fille en question ne s'était pas approché de ton oreille. Recouvrant ses mains d'enfant autour de ton esgourde, tu sens son souffle chaud te parcourir la nuque. Un voyageur aurait comparé cela à un vent chaud du désert de Kaze. Porteur de sensations, de péripéties propres à lui-même et d'aventures côtoyant l'imagination, ce souffle t'apporte ces mêmes sensations indescriptibles qui pourtant te mettent le baume au cœur. Alors, calmant les palpitations de ton cœur, tu tends et malgré que tu ne saches pas son langage, tu fais mines d'écouter. Cinq mots alors te parvinrent :
Je m'appelle Sekken Shōnin.