« Je descendrais pas en dessous de vingt Ryos pour cette peau. Regarde ! Aucune entaille dessus, je l’ai attrapé avec une corde et le coup fatal a été donné à la séparation. Elle est vraiment intacte. »
« Et je te dis que ça vaut pas plus de dix Ryos ! Des peaux de cette bête, on en trouve chez tous les taxidermistes du coin. J’ai un commerce à faire tourner, tu le sais Kaneko. »
Le marchand négociait férocement son argent. Même si il n’avait pas de bouche à nourrir autre que la sienne, il avait une retraite à préparer. Et il ne négociait jamais un prix qui lui semblait injuste. Du moins, cela arrivait à la majorité des clients qui venaient vendre leurs babioles ici. Son magasin était un véritable bric-à-brac, croulant d’objets en tout genre. D’anciennes armes soit disant légendaires, des rouleaux scellés dont on ne savait le contenu, des colliers, bagues, boucles d’oreilles de tout style, des tissus rapiécés à la signification perdus. Un ours brun empaillé siégeait même debout à côté de son comptoir. Il était fier de son magasin. Il avait mis du temps à récolter tout cela. Pour en revenir à sa négociation, elle était ardue, sauf pour Kaneko. Le vieil homme s’était pris d’affection pour la jeune fille au fur et à mesure des années. Ils avaient la même mentalité, collectionner des objets de par le monde, découvrir des choses inattendues, comprendre leurs origines, leurs histoires. Sa peau de bête, il lui aurait acheté ça quinze Ryos pas plus. Mais il devait garder la face devant sa clientèle sous peine de devoir baisser les prix pour les autres qui attendaient.
La chasseuse savait que c’était un jeu, une scène. Même si elle trouvait qu’il abusait un peu de devoir le faire à chaque fois, et pour chaque article. Elle se demandait si elle ne devrait pas passer vendre ce qu’elle a après la fermeture du magasin, histoire de gagner du temps. La jeune Uzumaki s’amusait de la situation et décida de monter sur ses grands chevaux.
« Si tu savais la situation dans laquelle j’ai capturé… Ce lapin. J’ai dû m’occuper de LA bête avant qu’une bande de bandits ne me retrouve de ma PERILLEUSE mission. »
Elle prenait la pose, actant son acte héroïque de ses bras. Elle aimait se jouer du vieil homme devant ses clients.
« C’est entre les injures et les flèches que j’ai dû ramasser cette créature. Ne vois-tu donc pas qu’il y a plus qu’une simple peau de bête, mais une histoire qui l’accompagne. »
Elle fis semblant de perdre ses forces, tombant à terre avant de se rattraper au comptoir, un regard moqueur se marquant sur son visage. Il voulait continuer de jouer à ça, elle allait en abuser pour une fois. Elle pensait que ça lui servirait de leçon.
« Et c’est sans compter la férocité que cache cette créature. N’as-tu donc jamais entendu parler des légendes concernant les lapins des montagnes ? Légendes portées depuis par un petit village isolé perdus aux confins du Yuukan ? »
Sur ces paroles, le vieil homme grimaça un peu. Qu’est-ce qu’elle faisait ? Elle allait vendre la mèche, à continuer de sortir des balivernes pareilles. Mais il ne pouvait pas non plus se résigner à refuser la vente. Il l’avait déjà fait une fois, et elle était partie vendre ses trésors ailleurs pendant un mois. Et elle revenait ici le narguer ensuite. Il lâcha un petit claquement de langue avant de conclure l’affaire.
« Très bien, très bien ! Je t’achète cette “peau de créature féroce” pour 17 Ryos, pas plus. À prendre ou à laisser ! Sale gosse. Mais t’attends pas à ce que je sois aussi gentil pour le reste de ton sac. »
Alors que les deux clients derrière levaient les yeux au ciel, soupirant de toute leur âme à devoir supporter la suite des négociations, le tintement de la cloche d’entrée se faisait. Kaneko tournait légèrement la tête, s’attendant à un énième client en attente, mais elle fut heureuse de voir une tête familière.
« KAMUIIIIII ! Ça fait longtemps ! Je crois que j’ai des choses qui vont te plaire. »
Ce lieu la rendait toujours de bonne humeur, aussi elle ne se retenait pas de saluer chaudement son camarade. Il arrivait que les deux se croisent ici par hasard. Et si elle vendait farouchement son butin, elle donnait un prix d’ami pour certaines personnes. Kamui en faisait partie.