Sortir de sa grotte

Que les jours dans la grotte sont ennuyeux. Cela fait maintenant plus d'un mois que Bakedôrô évinçait ses dernières victimes de ses mains. Le temps lui parait long, très long. Il s'ennui beaucoup trop et se demande s'il n'est pas temps de prendre son envol vers un autre endroit où il eut faire la même chose qu'ici ? Probablement que oui, mais ce sont les soupçons auxquels il doit faire attention pour ne pas trop ébruiter d'histoires étranges et sanglantes. Pourtant... elles sont tellement délectable comme toutes ses femmes qu'il mangeait sans aucun remord, il le faisait et le fait même avec le plus grand des plaisirs. Les hommes ne l'intéressent pas, mais ils méritent tout autant de mourir dans les plus brefs des délais. La maison humide du reclus depuis son enfance commence à devenir lassante pour le jeune homme ou plutôt devraient-elles dire, pour le jeune monstre. Son corps n'est que légèrement différent, ce qui est le plus effrayant chez lui sont ses yeux situés un peu partout sur son corps, camouflés pas son grand Kimono se déchirant par le bas un peu plus au file des temps. Ce temps, ce précieux qu'il gâche à rester planter ici comme le prédateur qui attend sa proie pour économiser ses forces. Elles rient et se moquent encore de lui.


Il se tient la tête, sa lanterne à la flamme verte située à côté de lui. Il rit avec elles. Rester ici n'arrange en rien sa folie grandissante de jour en jour. Intenable, insatiable. Il a faim, il a très faim... Il veut manger. C'est cette faim sans fin qui le pousse donc à sortir à l'extérieur, dans le froid de l'hiver lanterne à la main. Son masque cachant à nouveau ses yeux et ses dents, il emporte avec lui le peu d'affaires qu'il possède. Toutes sortes d'objets ou de vêtements volés à ses victimes. Il peut potentiellement en tirer quelques pièces si besoin pour changer au moins de vêtements dans des lieux reculés et très loin de la civilisation. Non, attendez, il délire complètement... Pourquoi des pièces ? Pour un gaillard comme lui ? Il rit et les filles dans sa tête avec lui, lui disant qu'il est inutile en ce bas monde et qu'il est stupide.


Il se met en marche, mais pour aller où ? Il ne le sait pas, seul ses pas le guide vers l'inconnu. Ca ne lui fait pas peur, ce sont les autres qui ont peur de lui après tout, non ? Bakedôrô, tel est son nom... Celui qu'il se donne, celui que le peu de gens qu'il rencontre lui donne avant d'y laisser la vie. C'est le départ du grand monstre qui quitte sa grotte.

Ce vent glacial pénètre sa peau malgré la couche plutôt épaisse de ses vêtements en lambeaux. La blanche neige accompagne ses pas, les recouvrant uniquement au bout de quelques minutes. Le monstre avance jingasa sur la tête où un long tissu y est ajouté tout autour, son kimono couvert par un large manteau où il dispose un autre châle très abimé par dessus, lanterne éteinte à la main, qui celles-ci sont bandées par de vieux morceaux de soie, laissant uniquement les bouts des doigts apparent avec de long ongles noir, il porte également un cargo assez vieillot camouflé par son long kimono, ainsi que des geta laissant ses pieds à nus où de grandes griffes sont apparentes, elles aussi. Il traverse la tempête ne sachant où vraiment aller. Et ses sœurs se moquent encore de lui, lui répétant qu'il mourait ! Son foulard se décroche d'un côté après les paroles mesquine des femmes de son ancien chez lui et il l'accroche à nouveau, l'air serein où endormi.


Il est plus que déterminer à creuser un autre terrier bien plus grand, lugubre et sanglant que le précédent. Il aime vivre avec le danger, parce qu'il lui même ce "danger". Sa mère l'insulte encore de bon à rien, de malfaiteur et de misogyne comme à l'époque où elle se faisait frapper par son propre mari. Bakedôrô s'amuse du comportement de sa "famille", c'est ce qui lui permet d'avancer encore dans ce grand froid immaculé uniquement de neige, si pure.


Et de son rire cristallin il continue sa route vers l'inconnu repensant à toutes ces pauvres femmes qu'il dévorait avec plaisir. Les hommes ? Il les tuait tout simplement, car ces derniers ne le divertissent pas assez. C'est ainsi que sa silhouette s'efface au fur et à mesure qu'il avance dans ce manteau blanc.