La table dressée, les baguettes bien alignées et les divers mets servis, Seiji avait l'eau à la bouche. Sa mère excellente cuisinière qu'elle était avait préparé tout cela plus tôt dans la matinée avec des légumes acheté au marché. Le mari étant enfin rentré de mission après plusieurs semaines d'absence, on fêtait comme il se devait son retour. Blessé à la jambe droite, il se déplaçait depuis peu avec une béquille sous le bras. Le médecin lui avait assuré que ce n'était que passager et lui avait par ailleurs accordé quelques jours de repos. Seiji curieux, on avait voulu connaître plus au sujet de cette blessure, mais son père fermé, parlait très peu de ses missions à l'extérieur. Évitant de rentrer dans les détails il se contenter de répondre vaguement aux questions de son fils intrigué.
Dehors de fines gouttes commençait à tomber et le ciel s'assombrissait. Les gens du quartier avaient rentré leurs linges et chiens et chats se réfugiaient déjà sous les toits des maisons. Mais cela importait peut à la famille Chikara qui bien installé piochait tranquillement dans les différents plats posés sur la table. Agenouillé à côté de sa mère et en face de son père, le petit garçon mâchant tranquillement était heureux des retrouvailles. Ses parents discutaient joyeusement de tout et de rien et parfois le paternelle se tournant vers son fils le taquinait gentiment. C'était de simples remarques ou des gestes d'affections comme une main dans les cheveux, mais Seiji content de le revoir, y répondait d'un grand sourire.
Ce fut à la fin du repas, lorsque l'on entama le dessert, que trois coups distincts tapèrent contre la porte d'entrée. Dans un même mouvement, toute la famille se retourna. Qui pouvait bien frapper à cette heure-ci et avec un temps pareil ? Peut-être était-ce encore une farce des garnements avoisinants. Avec les troubles que subissait Konoha ces derniers temps, ils étaient devenus insupportables . Déterminé à lever le doute le père de Seij prenant appuie sur sa béquille se leva péniblement . Claudiquant vers la source des bruits, il ouvrit doucement la porte et jeta un coup d'œil furtif. De son côté, Seiji toujours à table, la bouche pleine, vit son père toujours la porte entrebâillé s'entretenir avec un homme. C'était Ritto, l'un des habitants du quartier. Seiji le connaissait pour avoir joué avec ses enfants. C'était un grand gaillard musclé, très doux et toujours souriant qui s'occuper de la plomberie dans le quartier. C'était lui qu'on appelait lorsqu'on avait un problème d'eau ou d'électricité. Toujours présent de jour et de nuit on pouvait compter sur lui au moindres soucis.
Regardant au-dessus de l'épaule de son père Seiji fut surpris. Contrairement à son habitude, Ritto n'affichait pas un sourire. Non, la mine boudeuse, regardant le sol, il avait l'air triste. Que lui est-il arrivé se demanda Seiji. Il n'eut pas le temps de le savoir que son père referma la porte dans un claquement sourd. D'un pas lourd et légèrement tremblant, il se rassie à la même place qu'il avait quitté quelques secondes auparavant. Dévisageant son père Seiji remarqua que ce dernier était devenu blanc comme un linge, ses mains tremblaient et malgré qu'il essayait de le cacher, des gouttes de sueur parsemé son visage.
Inquiet, l'enfant demanda de sa petite voix d'innocent :
« Dis papa, il voulait quoi Ritto ? »
Son père, toujours blanc , le regarda étrangement. À le voir en avait l'impression qu'il découvrait pour la première fois son fils. Quelques secondes passèrent pour qu'il puisse enfin sortir de cet état de stupeur et répondre d'une voix fébrile que Seiji ne lui connaissait pas.
« Rien mon enfant. Rien. »
Se levant de nouveau, il ajouta :
« Je suis fatigué, je vais aller me reposer. Ce repas était néanmoins délicieux chéri. »
Déposant un bisou sur le front de son fils il s'en alla, claudiquant comme il avait pris l'habitude de le faire ces derniers jours.
Le repas se finit dans un silence pesant lourd d'interrogations.
