Ces derniers mois étaient plutôt mouvementés. Je n'avais plus eu le temps de me rendre au temple des prières depuis pas mal de temps déjà.
La nuit tombante, je m'installais face à cette stèle, celle où je demandais la possibilité d'y graver les noms de la majorité des défunts Gaikotsu lors de cette soirée d'hécatombe. A un à un, je les appelais mes deux mains jointes et les genoux pliés au sol:
« Asami... Bunko... Chikako... Chinami... »
« Daisuke... Ena... Ezume... Fudo... Hanako... »
Les larmes commençaient à couler à force de tous les nommés par ordre alphabétique:
« Haruo... Hideko... Isao... Junko... Kaiya et Kaiyo... »
« Momoko... Nyoko... Sayuri... Umi... et tous les autres dont je n'ai pas encore cité vos noms. »
Le massacre était immense, nombreux des miens périssaient dans d'atroces souffrances à cette époque. Je sortais alors une petite boite à musique qui d'apparence était un peu vieillot, mais le son qu'elle produisait était toujours aussi magnifique. Je remontais la mécanique de celle-ci et mettais le front contre le sol avant de chuchoter:
« A vous tous, j'essayerai de devenir plus forte, plus sage. J'arrêterais de pleurer pou un oui ou pour un non. Si je veux un jour pouvoir revenir à la maison, je n'ai d'autres choix que de faire ce que l'on me demande. Mettre tous mes rêves d'enfants de côté pour reconstruire, pour que nous puissions réellement repartir de zéro. »
Les larmes s'arrêtaient petit à petit ce qui marquait mon temps de pause:
« Qu'est-ce que vous aurez fait à ma place ? J'aimerais tant le savoir... Par moment, je me sens perdue. J'ai du mal à trouver des points de repères ici et pourtant... pourtant je me suis fait des amis. Mais la maison est là où le cœur est, et pour moi, le miens est resté là-bas avec vous tous... »
Toutes les histoires concernant les légendes de Faust, si elles étaient réelles, peut-être y avait-il un moyen de ramener les morts à la vie ? Non, non, non ! Sors toi cette idée de la tête ma fille. Vouloir faire une telle chose montrait un grand non respect de l'âme de tous ces défunts. La boîte à musique s'arrêtait et je relevais la tête, puis la saisissait et la remontait à nouveau avant de la reposer.
A nouveau sur les genoux et les mains jointes, je me mettais à chantonner cette douce et lugubre mélodie:
« Warusa~ Bakari nooooooo... U-ddo-pe-kka ! »
Maman, je la chante pour toi... Je la chante pour vous tous. Je ne vous oublie pas, je sais que vous êtes toujours là avec moi, mais dans un monde qualifié de "meilleur".
HRP : https://www.youtube.com/watch?v=emDtyGLZ0OE (La boite à musique)