Echec

Nous sommes en plein début de l'hiver et le vent glacial était cinglant. Chaque coup de vent picotait le visage comme de fines petites aiguilles. Néanmoins, jamais de telle température ne m'ont enlevé le désir de devenir l'égal de mes camarades. Peu importe les moqueries, peu importe les allusions moqueur et peu importe ce que la vie mettra en travers de la route, je resterais ce fidèle shinobi du village caché de la feuille. Raconté de la sorte, je laisse à penser que je suis un petit garçon malheureux à qui tous les épreuves arrivent. Un garçon qui doit faire face à une adversité permanente. Loin de là... je vie heureux chez mes parents et ma sœur. Nous sommes de fier villageois et nous cachons un lourd secret. Un secret bien caché par le clan Kitto tel que l'indique ses préceptes. Le passé est le passé...

Quel est véritablement ma particularité me direz-vous ? Eh bien... je ne sais pas utiliser mon chakra. Ce flux bleuâtre tant apprécié par les autres, il m'est complétement indifférent, car j'ai appris à vivre sans. Pourquoi persister à devenir soldat de Konoha me demanderez-vous... pour prouver que la réussite ne tient pas qu'à de simple puissant ninjutsu. L'art du shinobi est bien plus vaste et je serais le pionner d'une nouvelle forme, d'une nouvelle génération. Enfin... ça c'est l'idée que je me faisais de mon futur. Le présent, lui, était bien différent. Très vite, j'ai démontré une certaine facilité au taijutsu et au kenjutsu. Cependant, mon jeune âge ralentissait ma progression. Il me fallait trouver de l'aide, ce que je n'avais pas encore réussi.

Rempli de courage et de volonté, j'avais décidé de quitter le domicile familiale et ceux malgré le grand froid, pour tenter une dernière fois de maîtriser mon flux chakratique. Un dernier essai sans grand intérêt tant le désespoir se lisait en moi. Je quittais le quartier des Kitto quand tout à coup... je chute violemment au sol, tête la première.



Perdu dans mes pensées, le regard vide voir limite abruti, je venais de trébucher sur un petit caillou d'à peine la taille de mon poing. J'étais si maladroit et inexpérimenté que j'étais incapable de me rattraper convenablement. La tête enfoncée dans le sol, je sentais les regards sur moi. La honte ! Très vite, je finis par me relever et courir aussi vite que possible, la goutte de sang au nez.

C'est essoufflé que j'étais enfin arrivé sur le terrain d'entraînement du village. J'étais entouré de nombreux arbres complétement dénudés de leurs feuilles. Je n'avais pas choisi cet endroit par hasard. Les mains dans les poches, je me positionne face à l'un d'eux. Ce que je devais faire était simple, grimper au sommet de cet arbre. Simple... pour un shinobi tout à fait normal ! Comme dans un ralenti digne d'un film de karatéka, je sors mes mains des poches pour les joindre et former un signe incantatoire. Je ne ressentais plus le froid, je n'avais plus peur... la chaleur s'emparait de mon corps. J'étais prêt. C'est parti !



Totalement lancé à pleine vitesse, je me rapprochais rapidement de mon objectif sur lequel je finis par poser un pied puis un deuxième. Ça y est ! J'avais l'impression de voler, c'était une sensation incroyable ! La chute fut fatale... tête la première, sur le sol neigeux.

Cette chute était l'énième échec de ma vie. Celle qui m'écartait un peu plus de la voie d'un shinobi. Qui pourrait faire confiance à un simple utilisateur de Taijutsu et de Kenjutsu sans aucun artifice ? Je m'obstinais à utiliser mon chakra de la mauvaise manière et pourtant, il existait bien d'autres voies, mais je n'en avais pas encore conscience. Mes futurs rencontrent me donneront tord...

Tête la première, mon menton avait percuté le sol neigeux. Malgré sa couche épaisse qui parsemait le terrain, la douleur faisait atrocement mal. Mes dents s'étaient entrechoquées si fort que j'ai cru en perdre trois ou quatre d'un coup. Le visage partiellement en sang, je démontrais encore une fois ma maladresse maladive et mon inexpérience. Encore une fois, cette question persistait dans un coin de ma tête : Comment le village avait-il pu me considérer comme de tous ces Genins aux pouvoirs incroyables ? Qu'avait-il perçu en moi que je n'arrivais pas encore à déceler ?

Ce qui est sûr, c'est que je n'ai jamais manqué de courage et peu importe les critiques ou encore les échecs. Malgré mes doutes, je ne cesse jamais de me relever et de sortir la tête de l'eau. Je ne fais pas parti des pires et je refuse de le devenir. Seul, mon évolution sera lente, mais Konoha saura m'offrir ce qu'il y a de mieux pour trouver ma voie. Pour le moment, il me fallait une punition pour cette chute honteuse. Une punition pour laver mon honneur. Ce sera cent pompes, cent abdominaux et cent squats. Un exercice rapidement effectué si bien que je m'apprêtais à effectuer un deuxième round. Cependant, je n'avais plus de temps à perdre. Puisque je suis toujours incapable de maîtriser la moindre goutte de chakra pour le Ninjutsu, je poursuivrais cet entraînement vers le Taijutsu et le perfectionnement de ma maîtrise des nunchakus. Secrètement, je rêvais de devenir un expert dans l'art du bâton comme le fusse mon père. Ainsi je désirais le rendre fier.

Sautillant légèrement sur la neige, on l'entendait crépiter sous mes semelles. Quelques étirements des jambes, des bras puis des poignets, je me dirigeais vers l'un des mannequins en bois généralement destiné pour le Wing Chun. Un art dans lequel ma mère m'a initié et dans lequel je continue à m'épanouir en plus du Karaté. J'y trouvais l'apaisement nécessaire pour oublier toute la colère engendrée par ma situation presque désastreuse.



Soupirais-je doucement les yeux fermés. Ma concentration remplaçait mes doutes, mon esprit s'évadait et ainsi commençait mes lents mouvements sur le mannequin de bois. Petit à petit, alors que je ne fais plus qu'un avec mes mouvements, je percutais de plus en plus vite les bras du mannequin tout en gardant la meilleure précision. Je n'étais pas très puissant, mais bien plus qu'un enfant de mon âge. Je ne suis pas exceptionnel. Néanmoins, tout le monde ne maîtrise pas le Taijutsu comme je le fais. C'est en tout cas dans cette idée que je me conforte.

Une demi-heure passèrent, mon souffle s'accélérait. Je rythmais tantôt lentement, tantôt rapidement. Soudainement, je décrochai mon nunchaku dans mon dos. Dans une chorégraphie parfaitement maîtrisé, j'enchaînais tout ce qui m'avait été appris à l'école d'art martiaux. Celle-ci terminée, je lâchai un nouveau soupire. J'étais apaisé.



Le sourire aux lèvres, je connaissais dorénavant ma route.

Dans mon élan de bonheur, je frappe un caillou de mon pied gauche qui rebondit que le mannequin. Aussitôt la pierre vint se loger en plein milieu de mon front. Soyons claire... je suis maladroit et ça, c'est ce qui me caractérise le plus... la main sur le front, je le frottais dans l'espoir de faire disparaître la douleur avant de pouvoir quitter les lieux.