La décoration du lieu était tout aussi lugubre que les souvenirs que je gardais de ma dernière séance en ces lieux. Je ne cracherai pas sur Sekutsu, il avait su m'offrir du plaisir. Il fallait avouer que j'étais facile à combler, je jouissais de la douleur et le monde entier était capable de l'affliger. Certes, il ne possédait pas le talent d'un artiste, loin de là, mais, il ne méritait pas la mort pour si peu, une correction tout au plus pour le prix exorbitant qu'il facturait au vu de la qualité du service. Il aurait pu vivre s'il avait respecté mon putain de signal. Le contrat était simple et clair: lorsque je prononçai le nom de ma jumelle, tous sévisse prenait fin. Mais cet idiot m'avait sous-estimé. Il pensait que la masochiste et soumise que je représentais dans nos jeux sexuels reflétait ma personnalité de shinobi. Crétin... Et comme souvent, ceux qui me sous-estimait goûtait de ma glace mortelle.
L'homme qui m'accueillait dénotait en tout point avec le lieu. Son raffinement était aux antipodes de l'ancien propriétaire, fini les culottes en cuir ridicule. J'appréciai sa beauté, malgré l'absence de jaune dans son regard. Mais par-dessus tout, j'étais sous le charme de la finesse de sa tenue. Cet homme semblait prendre soin de sa personne ce qui embellissait davantage ses traits.
« Représenterai-je donc un fragile oisillon ? Pensiez-vous que j'éviterais cette rue à jamais sous prétexte qu'un boucher à tenter de m'abattre ? Voyez par vous-même l'état de cette pièce et vous comprendrez rapidement que cette situation a été gérée avec brio ! »
Bien évidemment, j'exagérai la finalité du drame. Je ne devais ma survie qu'a l'idiotie de mon tortionnaire. Si Sekutsu n'avait pas fait l'erreur de me libérer les mains, je serai actuellement morte. Certes, lui aussi aurait fini entre quatre planches par les mains de Raika, je n'en doutais pas un instant. Je détestais l'idée que l'on puisse m'imaginer faible, traumatisé ou apeurée. J'étais une Reine, celle de la Glace, j'étais une Déesse, celle de la guerre et j'étais béni par Izanami. En tant normal, j'aurais voulu tuer cet homme, pour la simple raison d'avoir évoqué une potentielle faiblesse en moi. Mais, deux meurtres à une semaine d'intervalle, aucun doute que Hidemi se montrerait moins laxiste concernant mes excès de colère. Non, je ne pouvais pas...
Tout en écoutant les paroles du bellâtre, ma main vint jouer avec un scalpel trouvé sur une table voisine. Le faisant danser entre mes doigts, je m’apprêtais à lui répondre.
« Cet homme manipulait les outils tel un boucher, je vous le confirme. Il n'a eu que pour seul talent, celui de m'offrir sa vie... Mais vous savez, les artistes dans mon domaine sont une denrée rare. Pour ne pas dire presque inexistant. »
Offrir la douleur était bien plus complexe que quiconque pouvait l'imaginer. Il ne suffisait pas de frapper comme une brute, non, il fallait savoir amener le corps à ces limites de manière exquise, calculer, connaître la délicatesse de la souffrance... Seul un véritable poète pouvait posséder le nom d'artiste SM.
Aïe, je venais de m'entailler le doigt avec le scalpel. J'observai la goutte de sang ruisseler sur le long de ma phalange.
« Je venais simplement voir si ma sculpture avait survécu à la chaleur durant une semaine. Je n'eu pas la chance de profiter suffisamment longtemps du visage étonnée de l'ancien propriétaire. Mais, maintenant que vous m'en parlez, je suis intriguée par le devenir de chaque établissement proposant un service particulier. »
Au fait, comment s'appelait l'homme avec qui j'échangeai ? Je n'en avais aucune idée, et pour tout avouer, j'en avais -pour le moment- rien à foutre... Lui savait qui j'étais, c'était bien l'essentiel !